Souvenirs de carnistes ?...

Bonjour,

par une amie sur facebook je suis tombée sur le blog " les questions composent ". Puis, de fil en aiguille Insolente Veggie, et puis Veggie Poulette !

Enfant, je me rappelle avoir ressenti de l'horreur et de la peur à l'idée que ce que je mangeais, c'était des animaux morts ... Et puis on m'a expliqué que c'était normal, ainsi allait la vie ... C'est vrai que je trouvais le monde laid, avec toutes ces espèces qui se mangeaient entre elles, et moi tout en haut de la chaîne alimentaire, mais c'était comme ça !

Ce qui m'a convaincue de changer, c'est que je me suis dit : " si tu peux éviter de faire du mal à quelqu'un, pourquoi ne pas l'éviter ? ".

C'est tout. :)

Bises :)
 
C'est marrant, j'arrive pas à me rappeler exactement quand j'ai décidé d'être végétariennu. Je me rappelle avoir lu un truc sur les mouvements anarchistes antispécistes et d'être plutôt d'accord mais de ne pas changer et aussi d'avoir dit à la première personne végétarienne que je ne pourrais pas car j'aime trop le saucisson.

Je pense que j'aurais été vegan plus tôt si j'avais rencontré des gens qui l'étaient.
 
Aujourd'hui j'étais prête à acheter un très beau livre, un truc de collection quoi, tiré en quelques centaines d'exemplaires, signé de son auteur, quand j'ai vu qu'il était en vélin. Il y a encore quelques mois j'aurais sauté dessus, du vélin quoi, rare, hyper haute qualité toussa. Mais là a mes yeux c'était plus un livre, c'était un cadavre...un cadavre à 2500 euros tout de même, l'horreur n'a pas de prix.
 
erulelya":2dy3rx1c a dit:
Aujourd'hui j'étais prête à acheter un très beau livre, un truc de collection quoi, tiré en quelques centaines d'exemplaires, signé de son auteur, quand j'ai vu qu'il était en vélin. Il y a encore quelques mois j'aurais sauté dessus, du vélin quoi, rare, hyper haute qualité toussa. Mais là a mes yeux c'était plus un livre, c'était un cadavre...un cadavre à 2500 euros tout de même, l'horreur n'a pas de prix.
Je crois que dans certains cas (ça n'est pas systématique, mais c'est peut-être plus évident quand on a conscience du crime), l'horreur du crime rajoute de la valeur. Le foie gras, la fourrure, le vélin (la peau d'un nourrisson)... Plus l'évidence du crime est forte, plus il faut que la contrepartie en vaille la peine, donc il faut que ça ait une valeur officielle, donc monétaire et/ou gustative. Pour justifier le crime, il faut se convaincre de la valeur de la contrepartie. C'est une manière de se "racheter".

Et quand la valeur diminue (du jambon dégueu premier prix), on se contente de nier le crime et la victime.

C'est peut-être aussi ce qui donne cette symbolique à la viande : Quand on a enfin assez de sous, il faut ajouter de la viande aux légumes. Le symbole de bourgeoisie, de montée dans l'échelle sociale. Donc la valeur du crime.

(Selon le même processus, quand on sait que le prix est élevé pour une bouteille de champagne ou de vin, le plaisir ressenti en est automatiquement -inconsciemment- augmenté : Pour justifier notre choix, il faut que le gain soit à hauteur du sacrifice.)
 
Alors pas du tout d'accord sur conscience de l'horreur = coût monétaire. D'après mon expérience, l'immense majorité des gens qui portent de la fourrure, ne savent même pas comment elle a été produite, et la somme de tortures qu'il a fallu infliger pour l'obtenir. Idem pour le caviar ou le foie gras, beaucoup ignorent, par confort, par flemme et par bêtise , peut être, mais ignorent, sincèrement, que ces produits sont le fruit de souffrances pour autrui.
Quant au plaisir qui serait inconsciemment supérieur en savourant un vin cher, il ne faudrait pas en faire une généralité non plus, je te suis en ce que, chez certains, le fait de se sentir riche et de l'afficher ostensiblement peut procurer du plaisir, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, et heureusement!
 
C'ets une bonne question en tout cas. C'est vrai qu'on se dit que les personnes portant de la fourrure ne connaissent pas le détail du crime, mais savent tout de même que ce n'est pas "joli-joli". Pour rester dans les livres, le directeur de La Pléiade se vante avec beaucoup de fierté d'avoir un cheptel de vaches spécialement sélectionnées pour fabriquer le cuir des livres. Est-ce que la souffrance des vaches ajoute au cachet luxe sachant que la plupart des lecteurs de La Pleiade ne font probablement pas le rapprochement (comme tout bon canriste) ?

Mais sans pouvoir le démontrer, je rejoins Pers0nne en me basant sur des impressions complètement subjectives : il y a quand même un côté "on est tellement riches qu'on peut se permettre ce qu'on veut". Tout s'achète, tout se paye, à condition d'en avoir les moyens. Comme les footballeurs (ou autres) qui vont se payer des prostituées hors de prix alors qu'en toute honnêté, ils peuvent se faire à peu près qui ils veulent en claquant des doigts ou presque. Mais payer, et payer cher pour s'approprier quelqu'un, c'est affirmer son pouvoir. On paye finalement le fait de pas avoir de conscience, de la laisser au placard. Il y a peut-être un truc du même ordre dans le fait de de consommer du "produit qui choque" ou dont on sait qu'on n'a pas trop intérêt à se poser la question de comment c'est fait. Le comble du pouvoir (ou ses attributs ou de son apparence) c'est peut-être d'acheter de la souffrance pour des raisons tout à fait futiles et superficielles (manger, ça laisse encore un doute, c'est pas purement cynique). Chacun.e rentre dans la course à son niveau.
 
Pepitocrousti":36jpfxhp a dit:
Alors pas du tout d'accord sur conscience de l'horreur = coût monétaire. D'après mon expérience, l'immense majorité des gens qui portent de la fourrure, ne savent même pas comment elle a été produite, et la somme de tortures qu'il a fallu infliger pour l'obtenir. Idem pour le caviar ou le foie gras, beaucoup ignorent, par confort, par flemme et par bêtise , peut être, mais ignorent, sincèrement, que ces produits sont le fruit de souffrances pour autrui.
Je ne dis pas que c'est systématique et que c'est le seul paramètre qui joue, pour tout le monde, de la même manière et en continu. Je dis que ça fait aussi partie de l'équation, que ça a aussi son influence.

Pepitocrousti":36jpfxhp a dit:
Quant au plaisir qui serait inconsciemment supérieur en savourant un vin cher, il ne faudrait pas en faire une généralité non plus, je te suis en ce que, chez certains, le fait de se sentir riche et de l'afficher ostensiblement peut procurer du plaisir, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, et heureusement!
Tu risques d'être fort étonnée : http://www.youtube.com/watch?v=uUFgO6nzCts

Fabicha":36jpfxhp a dit:
C'ets une bonne question en tout cas. C'est vrai qu'on se dit que les personnes portant de la fourrure ne connaissent pas le détail du crime, mais savent tout de même que ce n'est pas "joli-joli". Pour rester dans les livres, le directeur de La Pléiade se vante avec beaucoup de fierté d'avoir un cheptel de vaches spécialement sélectionnées pour fabriquer le cuir des livres. Est-ce que la souffrance des vaches ajoute au cachet luxe sachant que la plupart des lecteurs de La Pleiade ne font probablement pas le rapprochement (comme tout bon canriste) ?

Mais sans pouvoir le démontrer, je rejoins Pers0nne en me basant sur des impressions complètement subjectives : il y a quand même un côté "on est tellement riches qu'on peut se permettre ce qu'on veut". Tout s'achète, tout se paye, à condition d'en avoir les moyens. Comme les footballeurs (ou autres) qui vont se payer des prostituées hors de prix alors qu'en toute honnêté, ils peuvent se faire à peu près qui ils veulent en claquant des doigts ou presque. Mais payer, et payer cher pour s'approprier quelqu'un, c'est affirmer son pouvoir. On paye finalement le fait de pas avoir de conscience, de la laisser au placard. Il y a peut-être un truc du même ordre dans le fait de de consommer du "produit qui choque" ou dont on sait qu'on n'a pas trop intérêt à se poser la question de comment c'est fait. Le comble du pouvoir (ou ses attributs ou de son apparence) c'est peut-être d'acheter de la souffrance pour des raisons tout à fait futiles et superficielles (manger, ça laisse encore un doute, c'est pas purement cynique). Chacun.e rentre dans la course à son niveau.
Moi, je me base surtout sur certains souvenirs d'ado. Je n'aimais pas vraiment la viande, et je n'aimais pas vraiment l'idée de la viande, mais je me souviens qu'il m'est arrivé qu'en mangeant du steack, parfois, pour me motiver, j'avais besoin de me convaincre qu'il s'agissait d'une espèce de force un peu mystique que me transmettait le boeuf. La valeur qui compensait le crime, c'était cette énergie mystique, cette force transmise. (Mythe qui se trouve aussi chez les anthropophages, d'ailleurs. Il fallait manger le corps de ses ennemis pour acquérir leur force, leur courage, leur intelligence, etc.)

Et je me base aussi sur des études diverses que j'aie lues : C'est totalement humain de rationnaliser après coup. On fait nos choix sans trop de vraies raisons, ou du moins pas celles qu'on croit, et on justifie ensuite nos actes de diverses manières, on arrange la réalité à notre sauce pour décider qu'on a fait le meilleur choix. Donc, selon cette hypothèse, on décidera qu'on a tué parce que ça valait vraiment le coup, parce qu'il y avait une vraie valeur ajoutée. (Alors qu'on mange de la viande simplement pour faire comme tout le monde.)

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Maintenant, l'histoire de faire souffrir comme attribut du pouvoir, même si c'est pas tout à fait le même sujet, c'est pas faux non plus. Montrer qu'on est capable de n'avoir aucune empathie envers ses victimes, c'est vu par le système de domination comme "une force", "une qualité". Etre capable de tuer/dominer/faire souffrir/mépriser sans remords, c'est être fort, c'est être un dur, un vrai, un tatoué. Et tu ne rentres pas dans le club des dominants si tu n'as pas prouvé que tu en étais capable (Ca vaut pour tout groupe qui s'affirme en dominants, d'ailleurs : Les hommes, les chasseurs, les torreros, les militaires, les mafieux, les politiques, etc.)

C'est ce qui explique d'ailleurs que la viande est vue comme un attribut d'hommes, et que les femmes sont plus enclines au végétarisme (ou ont tendance à éviter les viandes rouges, les mammifères pour lesquels l'empathie est plus immédiate).
 
monsidlateci":3iwocxsr a dit:
Je me rappelle avoir lu un truc sur les mouvements anarchistes antispécistes et d'être plutôt d'accord mais de ne pas changer et aussi d'avoir dit à la première personne végétarienne que je ne pourrais pas car j'aime trop le saucisson.

Maintenant que tu le dis, je me rappelle avoir souvent dit ça aussi, et même à plusieurs reprises! Et très souvent entendu dire par des personnes lorsque le sujet du végétarisme était soulevé. Et pourtant, j'ai toujours trouvé le saucisson écoeurant au bout de deux morceaux, mais j'avais sorti cet argument comme si c'était naturel...

Fabicha":3iwocxsr a dit:
C'ets une bonne question en tout cas. C'est vrai qu'on se dit que les personnes portant de la fourrure ne connaissent pas le détail du crime, mais savent tout de même que ce n'est pas "joli-joli".

Comme tu dis, la fourrure, on sait que c'est une peau animale (surtout certaines anciennes fourrures, je ne sais pas si ça se fait encore, où la tête de l'animal est encore là...), et donc faut pas être stupide pour savoir qu'il a du être tuer. De même que le foie gras, je me rappelle que quand j'étais gamine, et que je demandais ce que c'était, on m'avait dit ce que c'était (vite fait, sans entrer dans les détails), mais j'avais très bien compris et envisager qu'il y avait souffrance derrière. Et pourtant j'étais gamine. Même si j'étais incapable de réaliser la dimension que ça avait, je me doutais bien que pour que je mange un foie, il devait y avoir de la souffrance. Mais on m'avait dit que c'était un produit de "fête" et que comme c'était cher on n'en mangeait pas souvent, et que donc c'était ok, parce que c'était rare. Je me rappelle qu'il avait fallu insister un long moment pour m'en faire manger.
On sait qu'il y a souffrance derrière, mais on s'en fout, c'est bon, c'est cher (c'est bon parce que c'est cher d'ailleurs bien souvent) donc on le mange.

Encore récemment, lors d'une discussion sur le cuir, une personne m'a dit: "qu'est-ce que je m'en fous qu'ils aient du tuer un animal pour ma veste, au prix où je l'ai payée, je peux te dire que ça change pas grand chose!" L'excuse: j'ai payé cher cette veste, donc j'ai le droit de porter du cuir. Quand je lui ai parlé des simili-cuir, la réponse a été: "c'est pas aussi classe que le vrai cuir, sinon ça aurait le même prix!" Ben voyons...

Fabicha":3iwocxsr a dit:
Pour rester dans les livres, le directeur de La Pléiade se vante avec beaucoup de fierté d'avoir un cheptel de vaches spécialement sélectionnées pour fabriquer le cuir des livres. Est-ce que la souffrance des vaches ajoute au cachet luxe sachant que la plupart des lecteurs de La Pleiade ne font probablement pas le rapprochement (comme tout bon canriste) ?

Là je suis franchement étonné. Pas une seconde, cela me serait venu à l'esprit que les couvertures de La Pléïade étaient en cuir. En tant que littéraire, les Pléïades, c'est un peu notre rêve à tous, je veux dire, avoir un livre de cette collection, c'est franchement une joie! On en est fier, on le chouchoute et tout... Pourtant j'en ai déjà eu en main, et pas une seconde, je n'ai envisagé que ça pouvait être du cuir (alors que généralement au toucher, je sais direct si c'est du cuir). Alors est-ce que c'est à cause de l'image que j'avais de la collection que mon esprit ne voulait pas le voir ou autre, je n'en sais rien, mais franchement je ne pensais pas que ça pouvait en être. (oui c'est ma grosse déception du week end! ). Du coup, je suis contente de ne pas en posséder :p
Je ne pense pas que le cuir ajoute du cachet à cette édition (pour ma part en tout cas), du moins pas pour ceux qui l'achètent pour le côté littéraire. Ceux qui les achètent pour faire une collection, qui fait classe derrière une vitrine, eux vont forcément regarder l'objet en lui-même (et donc la reliure, la couverture etc). J'ai souvent envisagé d'en acheter, c'était même un rêve à une époque... et pourtant je n'en ai jamais acheté. Parce que je crois que j'étais consciente qu'en fait, c'était plus pour pouvoir me dire que j'en avais un que pour le lire. Parce que dans le monde de la littérature, les Pléïades, c'est un peu l'objet sacré par excellence. Et ce n'est pas parce qu'il y a du cuir (ou pour les fils dorés de la couverture, on s'en fout en fait). C'est simplement parce qu'on entend non-stop que c'est la meilleure édition qui existe, que c'est le meilleur spécialiste d'un auteur qui fait le livre, parce qu'un auteur publié à la Pléïade, c'est la consécration! C'est l'équivalent de l'étiquette d'un millésime sur une bouteille de vin. Mettez le même contenu qu'un Pléïade, avec les mêmes intro/préfaces/notes de bas de page/etc dans une collection de poche (ou pire encore, dans un livre à 2€), on dira que c'est de la merde. (cf l'expérience de la vidéo qu'a mise Pers0nne)
 
Pour les articles "de luxe" ce serait plus le prix qui justifie, "et alors, au prix que j'ai mis dedans je m'en balance de comment il est mort ton renard", mais pas l'inverse. Je ne pense pas que le PDG de kookai se soit sente coupable en augmentant les coûts en conséquences, il s'aligne au prix du marché. Bien sur, tout le monde peut savoir, je ne dis pas que c'est difficile de faire le raisonnement fourrure= pelage = animal dépecé. Mais à mon avis ceux qui portent de la fourrure le font plus par suivisme, pour être à la mode, parce ce kanye west ou Gisèle bundchend ou d'autres personnalités "prestiges" se seront affichées avec.
Le problème du carnisme, pour moi, c'est plus un problème de suivisme de masse que de sadisme de masse.
Pour rester dans le sujet, quand j'étais carniste, je n'aimais pas trop la viande, à l'école primaire j'ai fait le rapprochement entre la grenouille disséquée et le muscle blanchâtre dans le frigo, je me suis dis "alors la viande c'est des muscles?", et l'idée de manger des organes me répugnait (le foie de veau, rien que le nom, parce que dans mon cerveau pré pubère j'avais quand même pressenti que qui dit organe dit organisme donc être vivant).
Pourtant, j'ai mangé de la viande même en partant de chez mes parents, pour faire comme le troupeau: une sortie au macdollar entre amis ou au boulot? Eh bien je prenais un cheeseburger. Un repas de Noël avec un poulet? Je faisais honneur au plat. Pas par cruauté, uniquement par conformisme.
 
Pepitocrousti":1vdte5xl a dit:
Pour les articles "de luxe" ce serait plus le prix qui justifie, "et alors, au prix que j'ai mis dedans je m'en balance de comment il est mort ton renard", mais pas l'inverse.
Oui, mais c'est aussi ce que je dis. Tu confirmes ce que je suis en train d'expliquer (enfin je crois). Vu le prix, la cruauté est rachetée. Donc un produit dont la cruauté peut sauter plus facilement aux yeux sera plus cher. Et on acceptera qu'il soit plus cher si on a conscience de la cruauté. (Mais si c'est cher, c'est que ça a de la valeur. Donc la cruauté donne de la valeur. Elle va engendrer deux forces opposées : Valeur de l'objet attractive + répulsion à l'idée de faire souffrir. Donc on ne va pas forcément chercher à acquérir et pousser à la cruauté. Mais la cruauté va quand même donner de la valeur.)
Pepitocrousti":1vdte5xl a dit:
Je ne pense pas que le PDG de kookai se soit sente coupable en augmentant les coûts en conséquences, il s'aligne au prix du marché. Bien sur, tout le monde peut savoir, je ne dis pas que c'est difficile de faire le raisonnement fourrure= pelage = animal dépecé. Mais à mon avis ceux qui portent de la fourrure le font plus par suivisme, pour être à la mode, parce ce kanye west ou Gisèle bundchend ou d'autres personnalités "prestiges" se seront affichées avec.
Le problème du carnisme, pour moi, c'est plus un problème de suivisme de masse que de sadisme de masse.
Pour rester dans le sujet, quand j'étais carniste, je n'aimais pas trop la viande, à l'école primaire j'ai fait le rapprochement entre la grenouille disséquée et le muscle blanchâtre dans le frigo, je me suis dis "alors la viande c'est des muscles?", et l'idée de manger des organes me répugnait (le foie de veau, rien que le nom, parce que dans mon cerveau pré pubère j'avais quand même pressenti que qui dit organe dit organisme donc être vivant).
Pourtant, j'ai mangé de la viande même en partant de chez mes parents, pour faire comme le troupeau: une sortie au macdollar entre amis ou au boulot? Eh bien je prenais un cheeseburger. Un repas de Noël avec un poulet? Je faisais honneur au plat. Pas par cruauté, uniquement par conformisme.
Je ne dis pas que la cruauté, le sadisme est ce qui maintient le carnisme et le spécisme. C'est évident que c'est la pression sociale, l'inertie sociale, et la peur du changement, la peur des conséquences inconnues, la peur de perdre ses privilèges qui sont les principaux facteurs.
Je dis juste que la conscience de ce qu'il y a derrière, lorsque le consommateur en a conscience, donne probablement -aussi- au consommateur l'idée d'une valeur ajoutée pour justifier son choix.
Quelques exemples :
- La corrida. Toute la valeur de la corrida est directement dans l'acte de tuer. C'est un meutre, c'est le sacrifice ultime, donc c'est obligatoirement infiniment beau. Sinon ça serait moralement inacceptable. Mais ça ne peut pas être inacceptable, donc c'est beau.
- La chasse. Les chasseurs donnent aussi une certaine valeur symbolique à l'acte de tuer, c'est mystique, c'est la fusion absolue avec le grand cycle naturel. C'est la fierté de savoir qu'on est en contact direct avec l'animal qu'on tue, tout ça, tout ça... A plus forte raison, la chasse à courre et la chasse en safari.
- Les éleveurs. Qui sont fiers de déclarer qu'eux savent vraiment d'où vient la viande, et qu'ils ont conscience de ce qu'ils ont dans l'assiette, donc de la valeur de la viande, la valeur de la vie prise.
- La viande bio. On accepte que ça soit cher à partir du moment où on a pris conscience de ce qu'endurent les animaux. On considère que la "viande bio du boucher" n'est pas seulement moins cruelle (alors qu'avant on se cachait simplement la cruauté de ce qu'on mangeait) et plus chère, mais aussi d'une qualité au goût et pour la santé, infiniment supérieure... Tout va ensemble. Le raisonnement est un peu inverse au sens où l'on paie plus cher pour diminuer la cruauté, mais on accepte de payer plus cher justement à partir du moment où on a pris conscience de la cruauté, et où on n'arrive plus à la refouler. Et puisqu'on paie plus cher, c'est forcément meilleur au goût et pour la santé.- Les sacrifices religieux. Le fait de tuer un animal, ou un humain, est le sacrifice ultime. Le symbole de quelque chose d'une valeur infinie à offrir aux dieux.
- Tous les traffics d'ingrédients absurdes pour des croyances débiles qui proviennent d'animaux braconnés, mutilés de manière atroce (éléphants, rhinocéros, baleines, pangolins...) et d'espèces en voie de disparition. (Combien d'espèces végétales sont menacées d'extinction pour le même genre de traffic ?)
Enfin je m'emmêle un peu dans mon raisonnement... Je dirais qu'on ne paie pas (forcément) plus cher POUR infliger plus de cruauté, mais qu'on accepte de payer plus cher pour un objet donné à partir du moment où l'on sait que cet objet est source de souffrances.
Peut-être aussi qu'il y a deux niveaux de perception de la cruauté, de la souffrance infligée (lorsqu'on ne l'ignore pas et qu'on ne la refoule pas) :
- Soit on est capable de savoir théoriquement que ça fait souffrir/tue, sans pour autant se mettre à la place de la victime.
- Soit on est capable de prendre réellement conscience de la souffrance, par empathie, et de ressentir ce que ressent/vit la victime.
Et on va inverser le raisonnement selon notre situation par rapport à ça.
 
Pepitocrousti : Oui, mon père qui aime justement les vins haut de gamme ne le déguste pas parce qu'il est cher, mais parce que c'est un très bon vin. Et il pense aussi sincèrement que les oies ne souffrent pas quand on les engraisse. Quand à moi qui ai plutôt un niveau de vie modeste, posserder un objet cher ne me procure pas vraiment de plaisir. Posserder un bel objet oui, c'est mon côté collectionneuse, je ne suis pas le genre à crier le prix sur les toits, au contraire. Là je l'ai dit parce que ça me révolte de payer des fortunes pour un bébé mort.

Puis le vélin, j'ai longtemps pensé que c'était des parchemins de type papyrus, je savais que les moines s'en servaient avant et je n'imaginais pas des religieux infliger des souffrances à un bébé pour écrire des bibles. Tout au plus je pensais qu'ils se servaient de peaux de vache mortes ou très vieilles dont ils auraient consommé la viande pour relier les livres.
 
Personnellement je ne connaissais pas le vélin, je découvre ce que c'est en lisant ton sujet (et donc je te remercie car je me coucherais un peu moins bête ce soir :) ) mais ça ne me surprend pas venant de religieux, bien des choses et parmi les plus atroces ont été commises au nom de la bible.

Et sinon trouve très juste ce que dit PersOnne a savoir que le coût servirait de palliatif ultime face à un défaut de justification (quand on ne peut plus dire "mais c'est beau" "mais c'est de l'art!" "Mais c'est une tradition ancestrale" etc...
 
La corrida, la collection d'ivoires et le fait de manger bio, je ne suis pas sûre qu'on puisse les comparer. Il y a des différences de nature, de perception même des anh, et pas seulement d'échelle.
 
En ce qui concerne le foie gras, à noël, ma soeur m'a dit que celui qu'il y avait sur la table venait d'un éleveur qui avait des oies qui se gavaient naturellement. :mmm: (et que je ne craignais rien et que je pouvais en manger :anger: )

Est-ce que certains animaux se gavent vraiment ? Mon copain m'a dit que certaines espèces le faisaient, mais j'ai un sérieux doute là !
 
Lagomorphette":30g2yzln a dit:
En ce qui concerne le foie gras, à noël, ma soeur m'a dit que celui qu'il y avait sur la table venait d'un éleveur qui avait des oies qui se gavaient naturellement. :mmm: (et que je ne craignais rien et que je pouvais en manger :anger: )

Est-ce que certains animaux se gavent vraiment ? Mon copain m'a dit que certaines espèces le faisaient, mais j'ai un sérieux doute là !
Et quand bien même cela existerait, ça ne veut pas dire que ce soit le cas de celle qui a fini sur votre table... (c'est tout l'enjeu de la publicité que de faire croire, même si ce n'est pas vrai... d'attribuer au produit des caractéristiques qu'il n'a pas et qu'il est difficile de vérifier...)
 
Lagomorphette":2pd9dokd a dit:
Est-ce que certains animaux se gavent vraiment ? Mon copain m'a dit que certaines espèces le faisaient, mais j'ai un sérieux doute là !
A priori à l'état naturel certaines espèces se gavent avant d'entreprendre leur migration ; mais je ne sais pas si dans ce cas le foie atteint le même stade de maladie que dans le cas du gavage forcé.
Lagomorphette":2pd9dokd a dit:
(et que je ne craignais rien et que je pouvais en manger :anger: )
Elle croit que l'oie continue à vivre tranquillement avec un bout de foie en moins, prête à lui en donner un autre bout l'année prochaine ? :facepalm:
 
Lagomorphette":wd8rm330 a dit:
En ce qui concerne le foie gras, à noël, ma soeur m'a dit que celui qu'il y avait sur la table venait d'un éleveur qui avait des oies qui se gavaient naturellement. :mmm: (et que je ne craignais rien et que je pouvais en manger :anger: )

Est-ce que certains animaux se gavent vraiment ? Mon copain m'a dit que certaines espèces le faisaient, mais j'ai un sérieux doute là !
Espagne : une exploitation « éthique » produit du foie gras sans gavage des oies

Mais vu le prix (163€ les 180gr), ça m'étonnerais vraiment que se soit celui sur ta table !
 
Pepitocrousti":1mg8yejg a dit:
Quant au plaisir qui serait inconsciemment supérieur en savourant un vin cher, il ne faudrait pas en faire une généralité non plus, je te suis en ce que, chez certains, le fait de se sentir riche et de l'afficher ostensiblement peut procurer du plaisir, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, et heureusement!

La perception du sens gustatif est étroitement lié à la psychologie, et notamment aux représentations visuelles : Ce n'est pas uniquement le "gout réel" d'un aliment qui fait faire qu'on va l'apprécier en bouche, mais également à son apparence dans l'assiette, qui va comme nous "préparer", d'une certaine façon nous "conditionner" à reconnaitre de telle manière le gout attendu. (des études assez populaires ont été menées pour le démontrer)

Idem pour le vin, des expériences en double aveugle on démontré que chez beaucoup de personnes, un vin avec une belle étiquette ou un nom fameux a tendance à avoir meilleure presse et meilleure gout quand c'est le même picrate à l'intérieur de toutes les bouteilles...

Pour les bouquins, c'est une convention, et du snobisme gras, que d'employer le cuir, "matière noble", pour un ouvrage qui doit se démarquer de la bibliothèque du prolétaire...
 
Bonjour!

Je fête aujourd'hui mon 1er mois végétariste avec très peu de lait et d'oeufs. Tout se passait bien, jusqu'à ce que j'aille sur un marché extraordinaire samedi. Et là je sais ce qui faisait mon principal argument en tant que carniste: la culture. Tous les bons moments se sont toujours passés à table, avec évidemment une pièce de viande qui tronait fièrement au centre de la table. J'aime le côté authentique de ma culture culinaire et j'ai un pincement au coeur à me dire qu'elle pourrait diparaître. Je ne ferai pas marche arrière, mais je suis très enracinée dans ma région et c'est le seul argument que je ne peux pas combattre.
Le changement a été très bien accepté par mes proches (étonnant d'ailleurs!) mais je ne peux pas leur demander d'en faire autant.
Je suis ravie de mon choix, une vraie conviction qui me permet de me regarder dans le miroir. :D
 
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