Pepitocrousti":1vdte5xl a dit:
Pour les articles "de luxe" ce serait plus le prix qui justifie, "et alors, au prix que j'ai mis dedans je m'en balance de comment il est mort ton renard", mais pas l'inverse.
Oui, mais c'est aussi ce que je dis. Tu confirmes ce que je suis en train d'expliquer (enfin je crois). Vu le prix, la cruauté est rachetée. Donc un produit dont la cruauté peut sauter plus facilement aux yeux sera plus cher. Et on acceptera qu'il soit plus cher si on a conscience de la cruauté. (Mais si c'est cher, c'est que ça a de la valeur. Donc la cruauté donne de la valeur. Elle va engendrer deux forces opposées : Valeur de l'objet attractive + répulsion à l'idée de faire souffrir. Donc on ne va pas forcément chercher à acquérir et pousser à la cruauté. Mais la cruauté va quand même donner de la valeur.)
Pepitocrousti":1vdte5xl a dit:
Je ne pense pas que le PDG de kookai se soit sente coupable en augmentant les coûts en conséquences, il s'aligne au prix du marché. Bien sur, tout le monde peut savoir, je ne dis pas que c'est difficile de faire le raisonnement fourrure= pelage = animal dépecé. Mais à mon avis ceux qui portent de la fourrure le font plus par suivisme, pour être à la mode, parce ce kanye west ou Gisèle bundchend ou d'autres personnalités "prestiges" se seront affichées avec.
Le problème du carnisme, pour moi, c'est plus un problème de suivisme de masse que de sadisme de masse.
Pour rester dans le sujet, quand j'étais carniste, je n'aimais pas trop la viande, à l'école primaire j'ai fait le rapprochement entre la grenouille disséquée et le muscle blanchâtre dans le frigo, je me suis dis "alors la viande c'est des muscles?", et l'idée de manger des organes me répugnait (le foie de veau, rien que le nom, parce que dans mon cerveau pré pubère j'avais quand même pressenti que qui dit organe dit organisme donc être vivant).
Pourtant, j'ai mangé de la viande même en partant de chez mes parents, pour faire comme le troupeau: une sortie au macdollar entre amis ou au boulot? Eh bien je prenais un cheeseburger. Un repas de Noël avec un poulet? Je faisais honneur au plat. Pas par cruauté, uniquement par conformisme.
Je ne dis pas que la cruauté, le sadisme est ce qui maintient le carnisme et le spécisme. C'est évident que c'est la pression sociale, l'inertie sociale, et la peur du changement, la peur des conséquences inconnues, la peur de perdre ses privilèges qui sont les principaux facteurs.
Je dis juste que la conscience de ce qu'il y a derrière, lorsque le consommateur en a conscience, donne probablement -aussi- au consommateur l'idée d'une valeur ajoutée pour justifier son choix.
Quelques exemples :
- La corrida. Toute la valeur de la corrida est directement dans l'acte de tuer. C'est un meutre, c'est le sacrifice ultime, donc c'est obligatoirement infiniment beau. Sinon ça serait moralement inacceptable. Mais ça ne peut pas être inacceptable, donc c'est beau.
- La chasse. Les chasseurs donnent aussi une certaine valeur symbolique à l'acte de tuer, c'est mystique, c'est la fusion absolue avec le grand cycle naturel. C'est la fierté de savoir qu'on est en contact direct avec l'animal qu'on tue, tout ça, tout ça... A plus forte raison, la chasse à courre et la chasse en safari.
- Les éleveurs. Qui sont fiers de déclarer qu'eux savent vraiment d'où vient la viande, et qu'ils ont conscience de ce qu'ils ont dans l'assiette, donc de la valeur de la viande, la valeur de la vie prise.
- La viande bio. On accepte que ça soit cher à partir du moment où on a pris conscience de ce qu'endurent les animaux. On considère que la "viande bio du boucher" n'est pas seulement moins cruelle (alors qu'avant on se cachait simplement la cruauté de ce qu'on mangeait) et plus chère, mais aussi d'une qualité au goût et pour la santé, infiniment supérieure... Tout va ensemble. Le raisonnement est un peu inverse au sens où l'on paie plus cher pour diminuer la cruauté, mais on accepte de payer plus cher justement à partir du moment où on a pris conscience de la cruauté, et où on n'arrive plus à la refouler. Et puisqu'on paie plus cher, c'est forcément meilleur au goût et pour la santé.- Les sacrifices religieux. Le fait de tuer un animal, ou un humain, est le sacrifice ultime. Le symbole de quelque chose d'une valeur infinie à offrir aux dieux.
- Tous les traffics d'ingrédients absurdes pour des croyances débiles qui proviennent d'animaux braconnés, mutilés de manière atroce (éléphants, rhinocéros, baleines, pangolins...) et d'espèces en voie de disparition. (Combien d'espèces végétales sont menacées d'extinction pour le même genre de traffic ?)
Enfin je m'emmêle un peu dans mon raisonnement... Je dirais qu'on ne paie pas (forcément) plus cher POUR infliger plus de cruauté, mais qu'on accepte de payer plus cher pour un objet donné à partir du moment où l'on sait que cet objet est source de souffrances.
Peut-être aussi qu'il y a deux niveaux de perception de la cruauté, de la souffrance infligée (lorsqu'on ne l'ignore pas et qu'on ne la refoule pas) :
- Soit on est capable de savoir théoriquement que ça fait souffrir/tue, sans pour autant se mettre à la place de la victime.
- Soit on est capable de prendre réellement conscience de la souffrance, par empathie, et de ressentir ce que ressent/vit la victime.
Et on va inverser le raisonnement selon notre situation par rapport à ça.