Concernant l'article de Crepe Georgette, je le trouve très intéressant, comme toujours, bien que je ne partage pas son point de vue sur tout.
Mais par contre, je suis franchement choquée par l'article de Féministes Radicales qui, à mon sens, n'est plus du domaine du féminisme mais de la déclaration de guerre. Imaginer un monde dans lequel un homme serait accusé de violation (terme qui est clairement mis en parallèle avec celui de viol, ce qui est étymologiquemenet tout à fait logique), sous prétexte qu'il aurait pénétré une femme, alors même que celle-ci serait consentante, je trouve ça un peu fort quand même.
Vouloir faire éoluer les mentalités, pour que les femmes ne se sentent plus obligées d'avoir un rapport sexuel (ni les hommes d'ailleurs), pour que la sexualité soit envisagée de manière plus large et plus diverse que maintenant, pour que chacun puisse réellement disposer de son corps comme il l'entend, faire en sorte que la contraception (pour ceux qui veulent continuer à pratiquer la pénétration ^^) soit réellement partagée, oui, totalement.
Mais décider pour le reste de l'humanité qu'une pratique sexuelle doit être exclue parce qu'on estime qu'elle est une preuve du patriarcat, non, je suis désolée, mais non.
Décider que la pénétration vaginale doit être "anéantie", c'est se mettre au même niveau que de trop nombreux pays dans le monde qui considèrent la sodomie, la fellation (et le cunni), ou encore la masturbation (sur soi-même ou sur osn partenaire) comme illégales.
C'est décider pour autrui de quelle pratique sexuelle est acceptable ou non.
Donc, même si je comprends en partie le raisonnement (seulement en partie parce que la pénétration vaginale n'est pas, malgré tout, l'apanage exclusive de l'humanité), même si je comprends, je trouve ça inacceptable.
Eduquer pour que les pratiques se diversifient en fonction des envies de chacun et pas seulement en fonction d'un conditionnement social, oui. Bannir totalement une pratique alors même que les deux partenaires sont consentants, non.
Dans le même ordre d'idées, placer fellation et sodomie sur un même rang que prostitution et pornographie, là encore, je trouve ça choquant. L'auteure considère ces pratiques comme dégradantes pour la femme, et comme des reliquats du patriarcat, et son raisonnement se tient dans la mesure où elles ont été imposées depuis la nuit des temps aux femmes, et dans la mesure où elles s'accompagnaient aussi d'un refus farouche de réciprocité. Donc, un homme qui veut une fellation (donc déjà qui est dans l'obligation), et qui dans un même temps refuse un cunni à sa compagne, oui, c'est clairement une réaction sexiste et patriarcale. Mais dans la mesure où il y a réciprocité, ce n'est plus le cas.
Elle place également le BDSM dans le même panier. Et là, encore, non, pas d'accord ! Je comprends qu'on puisse voir dans le BDSM un transfert du patriarcat, mais c'est arrêter le parallèle à la relation de domination-soumission en oubliant 3 choses essentielles du BDSM :
1. les partenaires sont consentants, contrairement au ptraircat que nous subissons tous à divers degrés (oui, oui, tous).
2. Dans le BDSM, ce n'est pas forcément l'homme qui domine, l'inverse est aussi vrai. Certains argumenteront que les couples dominant-soumise sont plus nombreux que les couples dominante-soumis, le peu que j'ai pu voir de ce milieu-là ne m'a pas du tout convaincue dans ce sens, mais je veux bien admettre qu'il existe un déséquilibre et que ce déséquilibre est un relicat du patriarcat. Mais pas le BDSM en lui-même. Il existe des couples dominant-soumise, des couples dominante-soumis, et même des couples switch. Et ça, c'est sans parler des couples homos bien sûr.
3. Le vrai BDSM est un jeu sexuel, pas un esclavagisme. Il est basé sur des temps consacrés au BDSM, et des temps de vie normal, les couples faisant du 24/7 étant extrêmement rares.
Enfin, l'élément qui m'a le plus choquée dans cet article, c'est le moment où l'auteure dit que les femmes doivent se tenir à distance des hommes. Déjà, sachant que nous représentons chacun environ la moitié de l'humanité (grosso modo), je ne vois pas comment ça serait possible, à moins de créer des zones géographiques séparées, ou de reconstruire un modèle de domination inversée. Dans un cas comme dans l'autre, cela ne me semble vraiment pas souhaitable, tout simplement parce que nous sommes complémentaires, non pas en tant qu'hommes et femmes, mais en tant qu'individus qui avons tous quelque chose à apporter aux autres.
Je trouve donc ce raisonnement absurde mais aussi dangereux, et c'est là que se situe pour moi la déclaration de guerre, en mode "haïssons les hommes". En lisant ce genre de propos, je comprends que trop de gens considérent les féministes comme des hystériques dangereuses, parce que de tels propos sont vraiment dangereux par toute l'intolérance qu'ils véhiculent. Et la façon dont elle généralise à outrance, dont elle met tous les hommes dans le même panier est aussi extrêmement dangereuse. Oui, certains hommes ne pensent qu'à asseoir leur domination, qu'à violer et à "pilonner", comme elle dit. Mais d'autres aussi sont réellement dans une optique de partage, d'échange et d'écoute, et accordnet plus d'importance au plaisir de leur partenaire qu'au leur, et surtout accordent plus d'importance au désir ou non-désir de leur partenaire qu'à leurs propres envies.
Oui, on vit dans une société sexsite, patriarcale, phallocrate, etc., mais sérieusemenet, arrêtons de diaboliser les hommes pour autant ! C'est la société dans son ensemble qui est responsable, pas chaque homme en tant qu'individu. Donc écoutons-nous, éduquons-nous, évoluons ensemble !
Bon sinon, désolée pour le pavé, et désolée aussi pour la grosse digression, parce que là on a quand même pas mal dévié du sujet initial (même s'il a un lien direct évidemment).
PS.: Et qu'on ne me dise pas que je dis ça parce que j'ai une vision bisounourse des rapports hommes-femmes. J'ai connu les deux types d'hommes, les violents-violeurs, et même pédophiles, les respectueux qui veulent une vraie relation d'échange, et la masse des autres aussi, donc je parle en étant consciente du pire comme du meilleur de la gent masculine.