Je prends le train en route... très intéressant débat, très instructif.
Dans l'ensemble, je suis tout à fait d'accord avec les positions de Usagi et de Frago.
Le titre du fil pose pb selon moi : "prostitution volontaire" : ça n'a aucun sens, comme ça a été dit au début. Si une prostitution volontaire était possible, il y aurait des prostituées "bénévoles". A mon sens, le fait que l'argent soit toujours en jeu suffit à prouver qu'il n'est question que de domination et d'emprise, pas de désir ni de "choix".
Suis tout à fait d'accord avec Brigande :
« Tout comme le mangeur de viande s'auto persuade que la vache n'a pas de conscience, le client en service sexuel s'auto persuade que la personne à qui il loue une partie de son corps n'est qu'une moins que rien. Ca déculpabilise beaucoup !"
... ou qu'elle réussit à bien se protéger par la dissociation (qui est le mécanisme psychique de protection de prédilection en cas de traumatisme grave, les travaux de Muriel Salmona sur le sujet sont fondamentaux).
Suis étonnée que personne n'ait posté à ce sujet ce dessin d'IV :
http://insolente0veggie.over-blog.com/a ... 14874.html
C'est d'ailleurs troublant de voir comment, dans ce fil comme dans le débat en général sur cette question, les arguments de ceux qui défendent la légalisation se rapprochent des arguments des carnistes et/ou welfaristes : par exemple, mettre en avant la minorité qui dit se prostituer "par choix" pour justifier le fait que l'immense majorité subissent la prostitution me rappelle la tendance à mettre en avant la jolie vache qui a grandi libre à la ferme ( = comme si ça supposait que du coup elle souffrait moins à l'abattoir... bref), pour justifier le fait que l'immense majorité n'aient jamais vu la lumière du jour, et justifier du coup le carnisme dans sa totalité... C'est une imposture intellectuelle, à mon sens, de dire "puisqu'il y a en a 1 sur 100 000 qui l'a choisi -enfin, qui dit l'avoir choisi-, c'est qu'on peut faire une loi pour toutes", oubliant que les 99 999 autres vont pâtir de cette loi -puisque comme ça a été dit, la légalisation rend les choses pires encore et ne règle absolument pas le pb.
Quant à cet argument :
"De plus, je trouve utopiste de penser que la prostitution peut être abolie, les pays où elle est illégale n'en sont d'ailleurs absolument pas exempts, donc faute de pouvoir l'abolir, pourquoi ne pas l'accepter et lui donner une vraie place dans la société ?" (Jess, je crois), c'est comme si on disait "bon, de toutes façons le viol/la pédophilie/et autres atrocités font partie de la nature humaine, on ne pourra jamais les éradiquer, il y en aura toujours, même malgré des lois, donc "pourquoi ne pas les accepter et leur donner une vraie place dans la société" ??
Fuschichô, je ne comprends pas vraiment ce bug sur l'intimité : je vais pousser un peu loin par provocation, mais c'est pour te faire réagir : si louer son temps de travail ou sa force de travail pour un salaire, c'est pareil que de se faire violer pour de l'argent, pourquoi ne pas avoir choisi cette "orientation professionnelle", très lucrative ? Enfin, je ne sais pas, quelqu'un qui vous bouscule dans le métro et vous bouscule l'épaule ou le bras, et quelqu'un qui vous touche les fesses, les seins ou les organes génitaux, c'est quand même pas pareil, on ne va pas réagir de la même façon ! Je suis d'accord sur le fait qu'il y a la dimension culturelle et l'éducation, qui formatent, ou en tous cas déterminent notre relation à ces parties de notre corps, mais il y a aussi la réalité physiologique, qui fait que ce sont des zones très sensibles, érogènes, qui ont concrètement beaucoup plus de terminaisons nerveuses... et dont la stimulation, comme ça a été dit aussi, peut déclencher des réactions bien plus importantes -que ce soit dans le plaisir ou dans la douleur- que n'importe quelle autre partie du corps. Donc non, définitivement non , ce n'est pas la même chose d'utiliser ses bras/son temps que d'utiliser son vagin/sa bouche/son anus pour gagner de quoi vivre.
Je vis dans une grande ville, près d'un grand axe où se trouvent les prostituées. Quand j'y passe, j'ai à chaque fois que je les vois un sentiment de grand malaise, et je ressens beaucoup de peine pour ces femmes souvent jeunes, et beaucoup de dégoût pour leurs "clients". Rien que le mot de client est un leurre. Le client achète un service, un objet... Dire client, c'est ramener le corps des prostituées au rang de chose, d'objet, c'est atroce.
Pour finir, le lien a déjà été posté, mais je le remets, tant il est explicite, quant à la réalité de la pornographie, directement liée à la prostitution (la pornographie,
c'est de la prostitution) :
http://survivrealaprostitution.blogspot ... l?spref=tw