Je débarque un peu à l'improviste, mais la conversation autour de ce topic était vraiment intéressante et m'a pas mal aidée. Je suis venue avec la question "pourquoi les végétaliens ne mangent-ils pas d'oeufs bio", ce qui sur le coup me semblait un peu bizarre au vu de la "non-souffrance" de la poule (pensais-je) dans la production d'oeufs bio. Puis je vous ai lu, avec une mention spéciale pour agrafeuse qui a résumé son cheminement intellectuel à ce sujet avec une remarquable clarté (c'était chouette, merci).
Du coup, le résultat de ma lecture, c'est que je vais quand même éviter les oeufs bio, mais que si j'avais une poule à la maison (ce qui est hautement improbable, m'enfin), je mangerai ses oeufs. On avait des poules quand j'étais petite, plein d'ailleurs, qui se baladaient en liberté sur le terrain (je n'habitais pas dans une ferme, on avait juste des poules). Elles semblaient ma foi très heureuses, et rentraient d'elles-mêmes dans le poulailler parce que c'était là que se trouvaient leur nichoir. Et leurs oeufs étaient très bons.
Je voudrais donc aborder un sujet dont Vénom a déjà bien parlé, celui de "l'exploitation" animale. Je comprends les problèmes éthiques que l'on peut rencontrer dans la sensation d'une "privation de liberté" et d'une utilisation de l'animal, de compagnie ou pas. Mais personne (ou j'ai mal lu) n'a parlé de coopération entre l'homme et l'animal. Je ne vois pas le mal qu'il y a à créer une alliance avec une autre espèce dans le cas où les deux parties en retirent un intérêt. En gros, les poules de mon enfance, on les protégeait des renards (on habitait pas loin d'une forêt, et non je jure ne pas venir d'une contrée lointaine et inexplorée), on leur assurait un nid douillet et du blé tous les jours, et nous, on se nourrissait de leurs oeufs. Je parle d'un cas comme celui-là, et non d'une exploitation ni d'une consommation de l'animal. On peut alors parler d'une coopération où la fréquentation de l'homme est un avantage pour l'animal. On pourrait répondre que l'animal n'a pas de libre-arbitre et de "droit de parole" dans une telle association, mais l'on peut considérer que si celui-ci, ayant la possibilité de s'enfuir, ne le fait pas, c'est qu'il admet ne pas souffrir de cette association. On a l'obligation éthique de respecter les autres êtres vivants et de ne pas leur infliger de souffrance pour notre satisfaction personnelle, ça va de soi, mais on ne doit pas pour autant les rejeter pour garantir une "liberté individuelle" quand il est plus bénéfique et pour eux et pour nous d'être en coopération. Ça reviendrait à rejeter tout type d'alliance, qu'elle soit personnelle ou professionnelle, pour ne pas "porter atteinte à la liberté d'autrui".
En ce qui concerne les animaux de compagnie, d'ailleurs, ce que j'ai lu à ce sujet montre que leur longue cohabitation avec l'homme s'est intégrée à leur mode de fonctionnement et peut même donner lieu à une transmission de l'adaptation à ce "paramètre" dans leurs conditions d'existences. A partir du moment où l'animal est bien traité, ça ne me semble donc pas condamnable.
Enfin, juste pour finir, il y a quelque chose qui revient de temps à autres dans les
posts et qui moi me choque : l'idée que la consommation du lait de vache / des oeufs de la poule est "sale", et de manière générale tout ce qui provient d'une autre espèce que la nôtre. Ça veut dire quoi ? Que nous, humains, sommes au-dessus et "tellement plus propres" que les autres espèces animales ? Il est un peu paradoxal de prôner le respect de celles-ci et d'en être dégoûté en même temps. Alors, vive la coopération inter-espèces, les animaux, tous les gens qui s'en préoccupent, et gare aux diktats