Pourquoi je ne suis pas végétalienne complètement

@Agrafeuse
Sur la dernière partie, je ne pense pas que c'est ce que veut dire Nemo.
En fait, il considère que les "fluides" ou autres substances corporelles d'origine animale ne sont pas dégoûtants en soi. La régurgitation d'abeille n'est pas dégoûtant en soi pas plus que le lait qui sort du pis de la vache ou l'oeuf qui sort du cul de la poule. Ce qui les rend non consommable, ce "devrait" être avant tout l'éthique, mais pas le fait qu'il provienne d'un animal, si j'ai bien compris et, en fait, je suis d'accord avec ça.

Sur les animaux domestiques, j'ai déjà dit pour ma part que je jugeais la vie sauvage comme une damnation, un enfer absolu où règne la prédation. Je trouve l'image de la liberté totale très romantique mais bien éloignée des contingences de ce monde où c'est marche ou crève. Alors, en soi, l'apprivoisement ne me gêne pas si cela peut permettre occasionnellement à quelque animal de se soustraire à la contingence naturelle qui est un conditionnement encore bien pire que celui de l'apprivoisement (je parle pas d'élevage hein !), alors je dis pourquoi pas, le problème étant la dérive vers l'exploitation (mais je ne considère pas que de vivre avec des ânes pour rien ou quasi - seulement le plaisir d'être avec eux, plaisir possiblement/probablement réciproque - par exemple soit de l'exploitation).
Bon, faut dire que je mets pas la liberté absolue par dessus tout car je n'y crois pas à cette liberté là. Je préfère mettre en avant une liberté corrélée à une certaine sécurité, sinon c'est la mort à tout bout de champ.
Bon, la liberté est pour moi avant tout dans la tête.

Quant à connaître ce qu'éprouvent les animaux domestiques (chiens, chats, chevaux, ânes...), si c'est une inconnue, cela l'est aussi bien dans un sens que dans l'autre. Si je peux pas savoir s'ils sont "heureux", je ne peux pas savoir non plus s'ils sont malheureux. En fait, j'aurais plutôt des signes de bien-être de la part de mes petits compagnons à poils et à plumes.
 
Picatau : Oui oui oui, j'avais bien compris pour l'histoire des sécrétions. J'en profitais juste honteusement pour raconter ma vie !

Un exemple encore. J’ai deux chats chez moi. Ils n’ont jamais connu d’autre vie qu’avec des humains. Ils sortent librement et reviennent tous les soirs. S’ils le voulaient, ils pourraient s’enfuir sans aucun problème. Ils ne le font pas. J’espère qu’ils ont une belle vie. Ils vivront certainement plus vieux que des chats sauvages, puisqu’ils sont vaccinés, mangent à leur faim, ne souffrent pas du froid. D’une certaine manière, on peut dire que s’ils ont du plaisir à vivre, alors notre cohabitation leur apporte au moins le bénéfice d’une existence plus longue, et donc de plus de plaisir à vivre.

Pour autant, je ne parlerais pas de choix de leur part. Ils n’ont pas choisi ce mode de vie : ce sont des choix faits par des humains (moi et d’autres) qui ont conduit à cette situation pour eux. Et je n’ai pas l’impression d’avoir le droit de dire : leur vie chez moi et plus agréable que la vie qu’ils auraient eue à l’état sauvage. Bien sûr, je peux avoir cette impression. Mais qu’est-ce que j’en sais, en vérité ?

J’anthropomorphise à fond, cependant imaginons que malgré une vie plus courte, les chats sauvages aient des sensations plus intenses, plus excitantes que les chats domestiques. Que chasser tous les jours pour se nourrir provoque des montées d’adrénaline de folie. Que le plaisir de manger après trois jours de jeûne forcé soit supérieur à toute sensation procurée par des croquettes. Et maintenant, admettons que les chats soient dotés de la capacité à se projeter dans la vie sauvage et domestique, et qu’ils puissent nous indiquer ce qu’ils préfèrent. Rien ne nous prouve qu’ils choisiraient systématiquement le confort douillet de la vie près des humains. Peut-être que cela dépendrait des individus. Peut-être aussi qu’ils considéreraient que dans l’ensemble, les humains leur font plus de mal que de bien. Ou encore qu’une sorte d’instinct de conservation de l’espèce les conduirait à accepter la domestication. On n’aura jamais la réponse. Mais précisément parce qu’on n’a pas la réponse, je ne crois pas qu’on aie le droit de déclarer qu’ils sont mieux chez nous que dehors.

Pour résumer : l’idée de décider ce qui est mieux pour autrui en termes de mode de vie me met mal à l’aise. Donc je préfère une sorte de position agnostique, si l’on peut dire.

Sur ce, faut que j’aille donner des croquettes à mon chat !
 
Agrafeuse, c'est aussi de l'anthropomorphisme de projeter des désirs humains concernant l'intensité des émotions... sur les anhs. Ce que je constate, c'est que les animaux dans la nature sont toujours sur le qui vive, toujours aux aguets du moindre prédateur, toujours à chercher à manger, à satisfaire leurs besoins premiers, jamais apaisés, surtout les herbivores, c'est une forme de souffrance aiguë à mon sens.
Trois jours de jeûne forcé est biologiquement une épreuve (ça dépend de quels animaux cependant et aussi de leur régime alimentaire) pour l'organisme, un stress manifeste, alors le soulagement de trouver de quoi bouffer pour survivre, cela me semble aussi une vision anthropomorphique d'une société qui valorise l'émotion. Et je suis franchement pas sûr que ce que vivent les anhs soient analysable en termes de plaisir-déplaisir. On voit que même chez les animaux apprivoisés, il subsiste souvent des formes de crainte, de souffrance, profondément ancrées contre lesquelles on ne peut pas grand chose (atavisme génétique ?) sans compter ce que peut développer en plus l'individu au cours de son existence.


V3nom":z74f0gqg a dit:
Tout es là, en matière de sentiments des animaux domestiqués : on est pas dans leurs têtes.

Et puis des personnes s'attachant à leurs ravisseurs (ou leur bourreau du quotidien), c'est ni nouveau, ni rarissime

On peut imaginer que je ne suis pas totalement isolé parmi le vivant.
La question de fond est quand même bien celle de l'idée de liberté. Je pense sincèrement que ce qui a donné une certaine liberté aux humains, c'est la culture, le détachement d'un certain état de nature. L'idée que l'état de nature est plus enviable, c'est surtout une idée romantique du 19ème mais je ne vois personne (sauf ermites exceptionnels) parmi les humains qui retourne à la nature, un peu à la Robinson, étonnant quand même. Certes il y a Man vs Wild qui en dit long sur le rapport à la nature des humains.
Quant aux anhs, poser la question essentiellement en termes de liberté/privation de liberté concernant leur ressenti me semble une approche trop partielle, cela entre en ligne de compte indubitablement mais de là à considérer que c'est ce qui régit leur vie, je verrais plutôt une opposition sécurité, toujours relative (gite, tanière...)/absence de sécurité (risque d'être mangé) justement.

Sur la question du bourreau, je ne sais pas si on peut catégoriser de manière systématique les humains qui ont apprivoisé des anhs ou qui vivent avec des anhs apprivoisés comme des bourreaux, il existe manifestement de nombreuses gradations de bourreau à non bourreau.

Je donne peut-être l'impression d'être interventionniste mais en fait, non, j'irai jamais kidnapper un anh pour en faire mon domestique si je puis me permettre ce jeu de mots mais par contre si je peux sauver un anh qui serait blessé, je vais pas me gêner.
 
Wow, ça fait plaisir de voir un forum aussi actif. Bon, du coup, j'ai un peu peur de ne plus me souvenir exactement de ce qu'a dit chacun d'entre-vous, mais je vais tenter de vous répondre du mieux que je pourrai.

Pour commencer, Agrafeuse, ta remarque sur le conditionnement est exactement celle que m'a dite mon chéri lorsque je lui ai fait lire mon post, du coup j'y étais déjà préparée. Sur le coup, ça m'a pas mal ennuyée parce que je ne l'avais pas envisagé de la sorte, puis en y réfléchissant davantage, ce conditionnement (qu'on ne peut nier) ne me semble pas gênant dans la mesure où l'animal n'en souffre pas. Nous sommes tous plus ou moins "conditionnés" par un mode de vie, un environnement, une société (je suis parfaitement d'accord avec toi, Picateau), et on a du mal à imaginer "vivre autrement" à partir des conditions que l'on connaît : l'eau potable, le gaz et l'électricité, par exemple, sont des "conditions d'existence" qui nous paraissent aller de soi, et dont nous aurions du mal à nous passer parce que nous y sommes habitués. En bref, c'est vrai que l'exemple de la fuite dans un conditionnement, c'est mal choisi, mais je voulais par là signifier tout phénomène de rejet/mal-être/fuite. Un chien peut être conditionné à être battu, mais même si c'est un état devenu pour lui "normal", cela ne signifie pas qu'il ne cherchera pas à échapper à la douleur. Cet exemple est horrible, je suis désolée.

Ensuite, Picateau et V3nom, vous parlez plus de la domestication comme problématique à cause des origines de celles-ci - une prise de pouvoir de l'homme sur l'animal. Et pensée comme ça, je suis d'accord avec vous. C'est bien un asservissement, une privation de liberté et une triste prison dorée. Mais justement. Je n'envisage pas la domestication d'un animal de compagnie comme une prise de pouvoir sur l'animal par l'homme, mais comme un pouvoir partagé entre l'homme et l'animal. On ne sait pas exactement comment est apparue la domestication canine ; mais une des hypothèses les plus reconnues est que ce soient des canidés qui, en proie à la famine, se seraient approchés des campements humains pour acquérir de la nourriture. On en revient à ce que dit Agrafeuse dans la fin de son post : une domestication est légitime dans le cas d'une demande de l'animal, parce que celui-ci a besoin de la protection de l'humain. Maintenant, si nous inversons les choses, pourquoi l'humain aurait-il moins de légitimité à demander l'aide / la protection de l'animal ? Les rapports de certains sans-domiciles-fixes avec leurs chiens sont à ce sujet très révélateurs, et c'est vraiment une association où l'animal a une valeur aussi importante que l'être humain.

Et maintenant, juste pour le fun, mettons-nous à la place d'un chat. Le chat, par une série de signaux spécifiques, parvient petit à petit à faire comprendre à l'humain quels sont ses besoins : un certain miaulement le matin pour réclamer à manger, des allers-retours devant la porte pour indiquer qu'il veut sortir, des feulements pour dire que là, c'est pas le moment. L'humain, comme il n'est pas un chat (wohoho, réflexion de l'année), mettra sûrement un peu de temps à comprendre au début (s'il n'a jamais connu de chat). Mais le chat est bien décidé à faire reconnaître ses besoins et envies plus ou moins légitimes, comme par exemple acquérir une place de choix sur le canapé, et s'emploiera pour cela, patiemment, à dresser l'humain à satisfaire ses besoins ou à accepter sa présence dans tel ou tel endroit, de préférence chaud et douillet. Nous autres humains sommes souvent tellement persuadés de notre qualité d'êtres "puissants et supérieurs" que nous ne voyons pas le pouvoir que d'autres espèces ont sur nous. C'est en cela que je considère la "domestication" comme un pouvoir partagé, car elle est toujours, quelque part, mutuelle. Chaque espèce s'adapte à l'autre pour former une union profitable aux deux, comme le montre le cas curieux et rigolo des poissons amis des requins (mon pseudo n'est pas Nem0 pour rien, non je plaisante), les poissons-ventouses et poissons-pilotes (voir ici : http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie ... uin/178170 ).

Voilà voilà ! Je serai ravie de connaître vos points de vue sur la question :)
 
En fait, tes dernières lignes évoquent davantage les associations symbiotiques mais est-ce vraiment un cas de domestication ?
En tous cas, les questionnements que tu soulèves me semble justes. Pas facile de savoir précisément ce qu'il en est. Chacun peut se faire son opinion.
Connais-tu ce cas de cohabitation entre des hommes et des crocodiles ? http://www.gentside.com/insolite/dans-c ... 30017.html

Bon, apparemment, cela entraîne cependant un gros sacrifice de poules etc.
 
Attention c’est ultra-long.

Picatau":3e08jebs a dit:
Agrafeuse, c'est aussi de l'anthropomorphisme de projeter des désirs humains concernant l'intensité des émotions... sur les anhs. Ce que je constate, c'est que les animaux dans la nature sont toujours sur le qui vive, toujours aux aguets du moindre prédateur, toujours à chercher à manger, à satisfaire leurs besoins premiers, jamais apaisés, surtout les herbivores, c'est une forme de souffrance aiguë à mon sens.

Bien sûr que c’est de l’anthropomorphisme, je le précisais d’ailleurs. Et je ne conteste pas que la vie sauvage a l’air effectivement plutôt stressante, du moins pour certains animaux. Et je ne dis pas non plus que j’ai accès au vécu subjectif des animaux, ou à leur perception du monde. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir comme toi l’impression que certains animaux dits de compagnie ont l’air tout à fait heureux.

Si tu veux, ma position actuelle est la suivante : on ne peut pas exclure à 100% l’hypothèse selon laquelle, pour certains animaux, dans certains cas, la vie sauvage est préférable à la vie près de l’humain (on parle bien sûr d’une « bonne vie » avec les humains). Je ne soutiens pas que c’est le cas. Je dis que je ne sais pas. Et comme je ne sais pas, je ne me sens pas autorisée à porter un jugement de valeur, à dire, c’est forcément mieux pour certains animaux de vivre auprès des humains.

Nem0":3e08jebs a dit:
Nous sommes tous plus ou moins "conditionnés" par un mode de vie, un environnement, une société (je suis parfaitement d'accord avec toi, Picateau), et on a du mal à imaginer "vivre autrement" à partir des conditions que l'on connaît : l'eau potable, le gaz et l'électricité, par exemple, sont des "conditions d'existence" qui nous paraissent aller de soi, et dont nous aurions du mal à nous passer parce que nous y sommes habitués. .

Complètement d’accord. Cependant. Si je rencontre une personne humaine qui vit dans un environnement sans eau ni électricité courante et qu’elle me dit que ça lui convient très bien comme cela, je ne me vois pas forcément essayer de la convaincre à tout prix du contraire. Éventuellement, je pourrais lui proposer de venir chez moi quelques jours pour voir comment c’est avec l’eau et l’électricité, ou lui raconter pourquoi en ce qui me concerne je trouve ça bien, pour qu’elle décide ensuite en connaissance de cause. Mais je ne vais pas la transplanter de force dans une vie différente, sans l’avoir consultée, ni lui prendre ses enfants en douce pour les élever chez moi car la vie y est plus agréable.

(Après, il existe aussi des cas où il faut intervenir même sans avoir recueilli le consentement de la personne. Notamment quand on estime qu’elle est en incapacité de consentir. Par exemple on ne demande pas à un petit enfant maltraité s’il est d’accord pour qu’on le place en famille d’accueil, on lui impose ce choix, au nom de son intérêt. Et dans ces situations, toute la question est de savoir si telle décision imposée est effectivement dans son intérêt, ou pas.)


J’en reviens aux animaux. Plus je réfléchis à ce problème, plus je me dis que c’est une question de critère. Sur quoi on se fonde pour dire qu’une vie auprès des humains peut être préférable ? Si on prend la santé et l’espérance de vie, alors d’accord, il est certain que près d’un humain qui prend soin de lui et le nourrit, un animal aura une meilleure vie. Mais est-ce le seul critère ? Il y a aussi, disons, toute la gamme des comportements que l’animal exprimera, ou non, selon l’environnement dans lequel il grandit. Je crois qu’au contact de l’homme, les animaux développent des comportements inédits dans la nature, et en « oublient » d’autres. Qu’est-ce qui est mieux ? Peut-on faire une hiérarchie ? Est-ce à nous de décider ?

Prenons un exemple fictif. Soit un bébé chimpanzé né dans la nature. Il est orphelin et est en danger de mort, il faut d’urgence le nourrir. Pour ma part, j’habite dans la savane, où j’ai une belle maison, un grand terrain, ainsi que du lait maternisé et des biberons dans mes placards. Bref, j’ai tout ce qu’il faut pour recueillir le bébé chimpanzé, en prendre soin et à terme lui assurer une belle vie. Cependant, j’apprends qu’à quelques dizaines de kilomètres de chez moi vit une bande de chimpazés, parmi lesquels se trouve une femelle dont le bébé vient de mourir, et qui pourrait sans doute allaiter et élever l'orphelin. J’ai le choix entre recueillir l’orphelin et en prendre soin moi-même ou tenter le placement auprès de la femelle sauvage. Admettons que ses chances de survie soient les mêmes dans l’un et l’autre cas. Mais selon l’option choisie, le bébé deviendra soit un chimpanzé domestique, soit un chimpanzé sauvage. Ce sont deux vies différentes. Je suis sûre qu’on peut nouer avec un chimpanzé, surtout si on l’a élevé soi-même, une relation absolument fabuleuse. Mais pour autant, choisir de le recueillir plutôt que de tenter le placement, est-ce que ce ne serait pas de ma part un abus de pouvoir ? Au nom de quoi, sur quels critères je me base pour dire qu’il est mieux pour lui de devenir un animal de compagnie même le plus heureux du monde plutôt qu’un animal sauvage ?

Il va de soi qu’en l’absence de possibilité de placement auprès d’une chimpanzé sauvage, il n’y a pas photo. Parce qu’alors, dans la balance, c’est la mort Vs une bonne vie auprès des humains. Mais entre une vie sauvage et une bonne vie près des humains, spontanément, j’aurais tendance à replacer le chimpanzé dans son environnement naturel.

Ce sur quoi je voudrais revenir encore, car c’est peut-être ce qui me tient le plus à cœur dans cette histoire, c’est cette affaire de contrat, d’association, de coopération. Je suis très gênée par l’idée de libre-consentement appliqué aux animaux déjà conditionnés à vivre avec les humains. Cela ne signifie pas, j’insiste, que je suis définitivement contre la cohabitation entre humains et animaux qui ne serait pas de l’ordre du sauvetage. En fait, je n’en sais rien pour le moment, mon cerveau est un vaste champ de bataille. Cependant, je préférerais qu’on assume le fait que c’est nous, humains, qui, au moins dans l’écrasante majorité des cas, avons décidé de la mise en place et de la perpétuation de cette cohabitation.

Par exemple, si je choisis d’adopter le bébé-chimpanzé évoqué plus haut, et ce malgré l’existence d’une autre option pour lui, alors je pense que je n’ai pas le droit de dire « c’est un libre contrat de collaboration entre nous deux » mais plutôt « j’ai décidé que c’était mieux pour lui et j’ai pris la responsabilité de lui imposer ce choix ».

On pourrait faire un parallèle avec le fait de faire un enfant. Si on décide de faire un enfant, on impose à autrui de grandir dans un environnement donné, avec un mode de vie donné, bref on lui impose un conditionnement parmi des milliers d’autres conditionnements possibles, qui l’auraient fait devenir quelqu’un de tout à fait différent. Et c’est juste inévitable, car on ne peut pas consulter l’enfant encore non-né pour recueillir son consentement éclairé quant au genre de vie qu’on va lui proposer, et pour savoir s’il ne préférerait pas plutôt naître chez les Eskimos ou les Quakers. Donc il faut accepter que c’est ainsi. Mais pour moi, il est important qu’on ne fasse pas semblant que c’est un libre contrat entre l’enfant et ses parents. Parce que l’enfant, il n’a consenti à rien, du moins au départ.

En gros, l’idée d’un contrat, d’une libre association, appliquée à une situation asymétrique, c’est ça qui me gêne.

Tout cela conduit finalement, je m’en rends compte au fur et à mesure que j’écris ce post interminable, à la question des relations avec les êtres qu’on considère comme incapable de faire des choix éclairés : enfants, handicapés lourds, animaux. J’ai lu quelque part que certains auteurs proposaient l’idée d’une sorte de tutelle pour les animaux, avec une personne ou une institution chargée de veiller à leurs intérêts. Je n’y ai pas encore bien réfléchi, mais ça me paraît intéressant.

(J’ai comme la vague sensation que tout ce que je viens d’écrire doit déjà avoir été énoncé par plein de gens dont c’est le métier de réfléchir à ces questions.)
 
Ton post interminable (quoique^^) est ultra captivant!
 
En effet, le post d'Agrafeuse est passionnant car il soulève et pose les bonnes questions avec des pistes de réponses franchement réfléchies.
Sur le cas du chimpanzé, en effet, je suis d'accord avec toi que s'il y a le choix entre le placer dans une communauté de chimpanzés ou l'adopter soi-même, je le place sans hésitation avec ses congénères.
La question du choix de l'individu est des plus compliquée car en effet, un enfant jeune, un handicapé, un animal n'a pas les moyens de choisir ce qui serait le mieux pour lui, id est sa sécurité, la satisfaction de ses besoins, son environnement. Faire un choix pour lui est nécessairement arbitraire et on peut en effet se demander quels sont les bons choix et si on fait le bon choix.
Pour un animal sauvage, choisir pour lui que sa vie serait meilleure auprès des humains relève de cet arbitraire. Je choisirais personnellement toujours de le laisser à la vie sauvage sauf danger de mort à cause d'une blessure, d'une maladie ou autres.
Pour un animal domestique, la question est différente car les animaux sont en grande partie dépendants des humains, particulièrement les chiens pour prendre un exemple parlant, et on ne peut décemment les livrer à une vie sauvage comme ça sans considération. La question de la "domestication" (ce qui resterait à définir précisément et considérer les différences avec l'apprivoisement par exemple ou la cohabitation) est complexe également parce qu'elle pose celle de l'influence de l'homme sur son environnement. Si n'était le risque d'exploitation, je ne verrais pas tant d'inconvénient à la domestication car je ne considère pas que cela soit par essence un asservissement si tant est que l'animal ne soit pas soumis. Le chat est quand même un animal relativement insoumis (en général car cela varie tout de même selon les chats) et est un exemple qui me semble plutôt harmonieux de cohabitation animaux humains/anhs. Je parle quand même plutôt de chats qui sortent hein. C'est sûr, on choisit des choses pour lui mais il reste assez indépendant. C'est sûrement d'ailleurs pour cela que beaucoup de personnes méprisent les chats, car ils ne leur obéissent pas au doigt et à l'oeil. Après, les contraintes qui leur sont imposées ne me semblent pas du domaine de l'asservissement.
On retombe sur la question de la liberté. Personnellement, je considère qu'un minimum de contraintes sont nécessaires à l'établissement de la liberté, en tous cas en ce qui concerne la vie humaine, presque toujours sociale. L'aspiration à la liberté totale me parait complètement insensé, d'abord parce que cela n'existe pas car on est ou serait soumis à la contingence de ce monde, à la condition de nature avec tout ce que cela implique, et parce que cela ne se peut pas car on aurait à un moment ou à un autre à faire avec l'autre, éventuellement sa société et ses règles... Ce qui serait rapprocherait le plus de l'idée d'une totale liberté, ce serait la vie d'ermite dans une région dépeuplée, comme celle de certains Pères du désert par exemple (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8res_du_d%C3%A9sert), pas sûr que cela soit viable pour tout un chacun, sûr que non en fait car se pose inévitablement la question des ressources alimentaires et de la maladie. Bref, je vois mal une vie humaine sans société et une société sans contrainte aucune.
Transposée à l'animal, la réflexion touche aussi à la question des limites des ressources et des conditions de vie des individus et des groupes.
Voilà, on ne doit sans doute pas décider "à la place de" ou "pour" mais dans certains cas, cela s'avère, selon moi, malgré tout nécessaire par éthique ou altruisme (cas d'un animal blessé) même si cela relève du domaine d'un certain arbitraire (on est tout de même pour un animal blessé dans le cas de l'assistance à personne en danger pour moi).
 
En effet, les pères du désert, ce n'est pas vraiment un mode de vie transposable, c'est quand même une ascèse très hardcore. :)
 
Agrafeuse, quand tu dis
Si je rencontre une personne humaine qui vit dans un environnement sans eau ni électricité courante et qu’elle me dit que ça lui convient très bien comme cela, je ne me vois pas forcément essayer de la convaincre à tout prix du contraire. Éventuellement, je pourrais lui proposer de venir chez moi quelques jours pour voir comment c’est avec l’eau et l’électricité, ou lui raconter pourquoi en ce qui me concerne je trouve ça bien, pour qu’elle décide ensuite en connaissance de cause. Mais je ne vais pas la transplanter de force dans une vie différente, sans l’avoir consultée, ni lui prendre ses enfants en douce pour les élever chez moi car la vie y est plus agréable.
, je suis évidemment d'accord avec toi.

Je ne parle pas du fait de domestiquer des animaux sauvages, je parles de la condition des animaux déjà domestiques qui puisqu'ils y sont habitués et ne connaissent pas autre chose, ne peuvent pas regretter une vie sauvage / se sentir privés de libertés. Effectivement, je pense aussi qu'auprès de l'homme, les animaux développeront des comportements inédits dans la nature. Et alors ? En quoi est-ce mal d'adopter d'autres comportements, par adaptation ? Ce que je veux dire, c'est que du moment où l'animal est bien traité, non asservi, non arraché à sa condition antérieure (je ne l'avais pas précisé explicitement, en effet), je ne vois pas pourquoi on devrait dévaloriser l'état de domestication par rapport à "l'état de nature".

Je ne dis pas non plus qu'une vie auprès des humains est préférable. Je dis que dans certains cas, elle peut être avantageuse pour l'homme et l'animal ; si, bien sûr, c'est choisi par les deux, à savoir un animal qui viendrait trouver un refuge chez l'homme / un humain qui accepterait ou un humain qui propose un refuge / un animal qui accepterait. Je suis d'accord sur le fait que les autres formes de "domestication" ne sont pas légitimes. Pour reprendre l'exemple du bébé chimpanzé, de mon point de vue, le critère de décision est donc le choix du chimpanzé - vers qui il choisira de s'orienter. Il y a de grandes chances que ce soit vers ses pairs, ce qui paraîtrait plus "normal" et adapté, mais à supposer qu'il choisisse l'humain et le statut "d'animal de compagnie", peut-on pour autant dévaloriser son choix par rapport à l'idéal d'un "état naturel" ?

En ce qui concerne le libre-consentement, certes, un animal conditionné ne l'a pas. C'est pour ça que je ne parle pas de libre-consentement, mais de "phénomène de rejet/fuite/mal-être". On a pas davantage que les animaux la possibilité de "librement consentir" à notre société, puisqu'elle nous est "imposée" et forme en partie notre mode de vie ; mais si celle-ci nous devient insupportable, on a la liberté de s'y opposer/de vouloir la changer/de la fuir. Je pense qu'un animal malheureux de sa situation a de même la possibilité de l'exprimer par l'agressivité ou la fuite, ou d'autres manifestations encore, mais qu'à partir du moment où aucune de ces manifestations n'existe, il est satisfait de sa situation et c'est cela - le bonheur de l'animal - qui m'importe le plus, pas de savoir s'il vit dans la nature ou pas. Je n'établis pas une hiérarchie entre état sauvage / état domestique, je cherche justement à l'abolir face à la régulière dévalorisation de l'état domestique. Et dans la "domestication" telle que je l'envisage et la décris comme légitime, l'homme ne s'impose pas à l'animal, pour son bien ou non, il est dans un état de proposition/acceptation. Ce n'est donc pas similaire à la situation d'un enfant auprès de ses parents où c'est, en effet, à eux que reviennent les décisions le concernant.

Je ne parle de libre association que dans le cas d'une situation symétrique (donc non prise de pouvoir par l'homme). C'est logique. Voilà pourquoi je me permettais de faire le lien avec d'autres associations inter-espèces où l'on peut observer cette symétrie. Mais il est vrai que ça porte à confusion, car on envisage généralement la domestication comme la prise d'un pouvoir sur l'animal par l'homme. C'est pourquoi j'ai essayé d'établir une distinction entre "domestication" et "domestication légitime", mais je n'ai peut-être pas été assez claire. Par contre, ton parallèle avec la situation de l'enfant s'applique tout à fait dans le cas d'animaux nés dans un état "domestique". Et là, je suis entièrement d'accord avec toi, l'animal n'a pas davantage de choix que l'enfant. Mais de même que l'enfant, en grandissant, peut rejeter sa cellule familiale, l'animal peut rejeter sa situation si elle ne lui convient pas, par l'agressivité/le mal-être/la fuite. Je pense que c'est là que subsiste sa zone de liberté, réduite, mais non inexistante. Mais on ne peut ici effectivement pas parler de contrat ni de libre-association. Simplement de consentement (et pas de libre-consentement, car là encore, ça s'applique au contrat)ou de refus. La libre-association n'existe que dans le cas d'une "domestication réciproque" par choix mutuel, c'est à dire la situation de proposition/acceptation, mais je considère quand même que, si un animal déjà domestiqué ne manifeste pas de refus de cette condition, cela équivaut à une sorte de consentement suite auquel, peut-être, peut s'établir une association.

Enfin bref. Ce que je décris est quand même plus ou moins utopique, et ma "domestication légitime" n'existe quasiment pas. Dans 99% des cas, c'est l'homme qui s'impose à l'animal, et sans même se poser la question. Mon rêve, ce serait que les gens s'interrogent sur cette imposition, ne la considèrent pas comme "allant de soi". Du coup, je réfléchis beaucoup au rapport homme-animal, mais j'essaye de faire la part des choses autant que possible et de ne pas "charger" l'homme outre-mesure.

Après, je suis d'accord avec toi Picatau, il est parfois nécessaire de faire des choix "à la place de", et ça nous donne un pouvoir injuste. l'important est d'être conscient de cette injustice et de la réduire au maximum. Mais c'est vrai que c'est une question épineuse :( . Sinon, non, je ne connaissais pas ce cas de cohabitation entre les hommes et les crocodiles, mais je le trouve super chouette =D! C'est quasiment un idéal auquel on devrait parvenir je pense : l'égalité.
 
Est-il vraiment inenvisageable de croire qu'il peut exister une coopération équitable et bénéfique entre humain et animal ? La condition d'un animal domestique est-elle forcément négative, et l'homme forcément destructeur concernant les animaux ? Je ne sais pas si je dois ouvrir un nouveau topic pour ces questions qui me tiennent vraiment à coeur, mais je cherche à obtenir d'autres points de vue que le mien. J'ai l'impression que dans la communauté végan (et je parle d'impression, je n'en sais rien en fin de compte), le principe est de protéger l'animal de l'homme, et donc d'établir au maximum un "chacun chez soi" pour ce faire. J'ai l'impression aussi que l'animal est uniquement considéré comme un être faible à protéger, ce qui met immédiatement l'homme dans une supériorité de pouvoir, même si négative. Ça conserve la distinction homme-animal en rehaussant l'un, rabaissant l'autre auquel on accorde à peine la possibilité de faire ses propres choix. Pourtant je pensais que l'anti-spécisme concernait également les humains, qui ne sont après tout que des animaux parmi d'autres.

Pourquoi considérer l'humain de manière aussi négative ? Si on aime les animaux, et si l'on considère que l'homme n'est pas un "sur-animal", il semblerait logique d'aimer aussi ses confrères et de croire en eux, un peu. Je ne pense pas que l'exploitation soit une nécessité, vous êtes bien tous là pour vous y opposer, cela veut dire que d'autres en sont capables. Et je suis résolument, absolument contre le "chacun chez soi". Plus on met de distance entre l'humain et les autres animaux, plus les autres animaux deviennent abstraits et donc potentiellement utilisables au statut de choses. Le "vivre-ensemble" est-il tellement impossible ? Une forme de coopération, plus impossible encore ?

Merci de vos réponses, dont j'espère qu'elles m'éclaireront un peu
 
Je pense que ça a souvent été relevé sur le fofo ce genre de question.
Personnellement je n'aime pas les animaux ( humains compris ), je me contente de respecter ce que je considère comme étant leur droit: disposer de leur vie.

J'ai personnellement vécu assez peu avec des animaux non humains, ça ne m'a pas empêché de développer une pensée antispé, ce n'est pas du tout le contact avec un animal qui m'y a poussé, donc je ne vois pas pourquoi une "coopération" serait nécessaire pour inciter à la réflexion dans ce sens, ce serait bien si tu pouvais développer cet argument parce que je le comprend mal ^^'.

Bref, concernant la coopération ça me semble être une utopie tant qu'on ne pourra pas communiquer clairement avec un non humain ( et même pour les dauphins c'est pas demain la veille ).
Pour l'humain en sur-animal, ben ça dépend le domaine; si l'humain veut se flatter il peut se considérer comme étant un super singe, après tout on arrive à détruire à l'échelle planétaire grâce à sa faculté de créer des objets, c'est balèze quand même ( sauf si on relativise et qu'on prend l'échelle de l'univers -ou seulement du système solaire en fait- =.= ). Dans les autres domaines, c'est un animal comme un autre ^^'.

Concernant la cohabitation je ne voie pas le problème ( si ce n'est l'humain qui fait chier chaque espèce qui ose pénétrer dans son périmètre, et c'est pas l’œuvre des vegan ), par exemple les loups en France, dans l'absolu ils font pas spécialement de victimes, mais ils sont considérés comme nuisibles, donc éradiqués. Donc ce n'est pas spécialement les vegan qui veulent faire "chacun chez soi, si possible avec des frontières", mais la tendance actuelle qui fait de certains animaux des objets, et d'autres des nuisibles ^^'.

=> J'espère que c'est pas trop brouillon ni à côté de tes questions ( et je précise que c'est pas "l'avis des vegan", mais seulement le mien ^^' )
 
Nem0":12qvzoe7 a dit:
Pourtant je pensais que l'anti-spécisme concernait également les humains, qui ne sont après tout que des animaux parmi d'autres.

Je vais donner moin point de vue là-dessus et pour moi c'est non. L'anti-spécisme ne concerne pas les humains. Nous sommes les dominants et responsables du sort actuel des animaux, nous ne sommes pas ceux qui avons besoin d'aide (dans une perspective anti-spéciste, j'entends).
Dans un monde où tout se réfère à l'humain, pour une fois accordons quelque chose aux autres animaux qui ne tourne pas uniquement autour de nos petites personnes.

Et + 1 avec Excalibur.
 
Oui bien sûr, c'est déjà super de répondre :) .

Pour l'idée du "contact", en fait, c'est sûr qu'on peut rationnellement comprendre le droit de chacun à disposer de sa vie. Mais il est beaucoup plus facile, quand on ne les côtoie pas, d'ignorer l'affect, la souffrance ou la complexité des réactions animales. Il est connu que les gens qui font de l'équitation ne veulent pas manger de cheval, que les enfants ayant un lapin ne veulent pas en avoir dans leur assiette, etc... On comprend mieux ce qu'on connaît, et l'affectif est plus fort que le rationnel quand il s'agit d'empathie.

Je parle de contact et pas de coopération hein, la coopération c'est "en plus, si possible". Mais j'avoue que je n'avais pas pensé à la question de la communication, en tout cas celle du langage. Ça me semblait plus du domaine "pratique" et "gestuel". En plus je ne vois pas non plus dans quels domaines on pourrait appliquer cette coopération, mais je suis sûre que ça existe déjà quelque part. Nos expressions faciales "primaires" (peur, souffrance, plaisir etc) sont similaires à celles des singes, il doit bien y avoir des moyens de se comprendre.

Et sinon, on est d'accord, l'homme c'est un animal, mais avec de la technique en plus (et c'est pas un critère de supériorité en soi).

Pour les animaux considérés comme objets / nuisibles, on est d'accord aussi et c'est affreux, mais en ce qui concerne les vegan, j'ai juste l'impression que parce que l'homme est considéré comme destructeur, il est plus ou moins tenu de rester à l'écart des animaux (la domestication n'est pas approuvée, la consommation des produits animaux non plus quelques soient les conditions de vie de l'animal, et la plupart des relations homme-animal sont considérées comme une forme d'exploitation). C'est pas une critique des vegan ou quoi, vraiment je respecte et j'admire ce choix de vie, mais avant de devenir moi-même vegan (parce que c'était mon but à long terme), je voulais vraiment connaître et éprouver cette philosophie pour voir si je suis d'accord ou pas, si ça me semble cohérent etc. Et donc, je suis d'accord avec quasiment tout, je peux même comprendre le fait de ne pas manger d'oeufs de poules bien traitées et qui ne sont pas dans des conditions d'élevage à cette intention, mais je n'ai pas l'intention de cesser toute relation avec les animaux parce que la domestication soulève des incertitudes étiques (j'ai déjà pas mal précisée ma conception de la domestication, c'est pas "j'achète un chien ou un chat", bien sûr). Evidemment, l'idéal c'est les relations inter-espèces hors domestication, mais je ne vois vraiment rien de négatif dans le fait d'accueillir un animal chez soi, si ça ne lui est pas imposé / si ce n'est pas pour l'utiliser et qu'il est bien traité. C'est vraiment une question qui me chiffonne xD.

En tout cas, merci de ta réponse (et de ta franchise sur l'humain ;) )
 
Rassure-toi, je ne crois pas que personne ici te condamne parce que tu es attaché à des animaux. C'est plus une réflexion globale sur le sens de la société.
Je fais comme toi, je conçois difficilement une vie sans présence animale autre qu'humaine j'entends. J'ai l'orgueil suprême de me croire le protecteur de mes petits compagnons, bon, en fait, j'en ai bel et bien sauvé d'une mort certaine, y a pas de doute, et j'avoue être toujours très anxieux qu'il leur arrive quelque chose même quand tout va bien tellement la condition animale me touche.
Je trouve que les échanges ah/anh peuvent être magnifiques dans certains cas, il existe de très belles amitiés mais il y a aussi, c'est vrai, l'exploitation.
Mais bon, j'aime et j'éprouve une compassion sans limite pour les animaux non humains (beaucoup moins pour les animaux humains même si j'essaye) et je me réjouis que d'autres puissent décider rationnellement de ne pas nuire aux animaux sans les aimer mais c'est quelque chose qui m'est très difficile à comprendre, le fait que cela ne passe pas du tout par l'affectif je veux dire. Ce qui me motive en premier lieu, c'est de parvenir à limiter la souffrance animale et un animal qui est sous ma responsabilité, je fais tout ce que je peux pour lui.
 
Nem0":2s55dco2 a dit:
Pour l'idée du "contact", en fait, c'est sûr qu'on peut rationnellement comprendre le droit de chacun à disposer de sa vie. Mais il est beaucoup plus facile, quand on ne les côtoie pas, d'ignorer l'affect, la souffrance ou la complexité des réactions animales. Il est connu que les gens qui font de l'équitation ne veulent pas manger de cheval, que les enfants ayant un lapin ne veulent pas en avoir dans leur assiette, etc... On comprend mieux ce qu'on connaît, et l'affectif est plus fort que le rationnel quand il s'agit d'empathie.

C'est pas faut, mais pas systématique. Les anciens de nos campagnes (et encore aujourd'hui dans une moindre mesure) vivaient au contact quotidien avec les animaux et pourtant faisaient (et font encore) la saignée du cochon. Donc le contact et la proximité ne sont pas nécessairement garants d'une prise de conscience éthique.
 
Ouais mais ils vivaient plutôt à côté qu'avec quand même. Il n'y a guère que le chien qui était plus proche sauf dans certaines familles, je veux pas généraliser non plus.
L'utilitarisme était de mise aussi.
 
J'avais commencé à essayer d'écrire un post en réponse à vos réponses à mon précédent post, mais je pars en vacances demain et malheureusement je ne vais pas avoir le temps de terminer comme je voudrais (c'est que je suis un peu lente, aussi). Alors il se peut que je déterre ce fil au mois d'août !
 
Merci Picatau :) , ça me rassure. Je pense que c'est important de conserver la présence des autres animaux avec les humains, et il n'y a pas de mal à se sentir protecteur, surtout dans ton cas ^^.

Et sinon, Luisão, tu as parfaitement raison. Il y a justement une auteure qui a pas mal réfléchi à ce sujet en anthropologie (ewi, je fais des études d'anthropologie ^^) : c'est Noëlie Viallès, dans son article "La viande ou la bête". Elle explique qu'il existe une différence entre le "mangeur de viande" ou "sarcophage", celui qui refuse de voir l'animal derrière la viande qu'il mange (et qui serait majoritaire) et le "zoophage" qui mange lui l'animal mais ne le voit que d'un point de vue alimentaire (et c'est souvent le cas, justement, des éleveurs en campagne sauf animaux de compagnie). Je l'ai utilisé pour plusieurs exposés et le trouvais très intéressant, voici le lien pour ceux que ça peut intéresser : http://terrain.revues.org/2932

En fait, je souhaiterai faire ma thèse sur le rapport homme-animal ^^', donc avec un peu de chance je ferai partie des "gens dont c'est le métier d'y réfléchir", comme disait agrafeuse. D'où mes questions, aussi. Je pense q'il n'y a rien de mieux que plusieurs points de vue pour aborder une question, et merci des vôtres :)
 
Agrafeuse":1pgifxr5 a dit:
J'avais commencé à essayer d'écrire un post en réponse à vos réponses à mon précédent post, mais je pars en vacances demain et malheureusement je ne vais pas avoir le temps de terminer comme je voudrais (c'est que je suis un peu lente, aussi). Alors il se peut que je déterre ce fil au mois d'août !

Bonne vacances Agrafeuse et agrafe-nous plein de photos à ton retour.
 
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