Je ne fais pas beaucoup de rêves, mais quand j'en fais, c'est plus une histoire que je vis ou que je regarde, avec sons (bruits/musiques/voix/narration)/odeurs et parfois la sensation de toucher/le goût (ne me demandez pas pourquoi! En tout cas quand je me réveille, je me demande une paire de fois si je suis bien moi/dans le bon "monde" ... Plus bizarre tu meurs >.>)
Il y en a un qui m'avait particulièrement marquée (je ne me souviens pas de tout, mais je vais essayer de le raconter!)
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Je suis là, en tant que spectatrice d'une histoire dont je ne fais pas vraiment partie.
Je vois un petit garçon, seul chez lui, à regarder un monde en constante évolution à travers la fenêtre de sa chambre. Il pleure, encore et encore, des jours durant, en regardant des bribes de vidéos laissées par ses ancêtres qui lui montrent un endroit où les animaux vivent en paix, où l'herbe est verte au naturel, et où la nuit, majestueuse, lui montre des étoiles brillantes, nombreuses, merveilleuses.
Il regarde en boucle ces vidéos, à travers une espèce d'ordinateur plus évolué, où ces instants lui semblent on ne peut plus réels. Il regarde, encore et encore, et pleure à chaque fois que tout cela se termine.
Un jour en sortant de son institut qui permet aux enfants de trouver leur place dans ce monde (à travers des tests à répétition pour savoir qui irait où, qui continuerait les études ou non, etc), il décide de partir.
Il rentre chez lui, prépare quelques provisions sous le nez de sa mère au regard vide, et prend le temps de lui écrire un mot, qu'il placera sous son oreiller.
Il attend la nuit, où la Lune à peine visible, voilée par des nuages d'une couleur brunâtre, bien différents que ceux aperçus dans ces vidéos qu'il regardait sans cesse, pour partir, en prenant garde à emmener avec lui un livre apparemment laissé par son père (que l'on ne voit pas - mort/parti?): un beau livre rouge aux reliures dorées qui sentait bon le livre ancien.
Il sort par la petite fenêtre de sa chambre, et part, part à la découverte d'une Terre qu'il aimerait voir différente. Il sait que des personnes font tout pour que la Terre d'aujourd'hui ressemble à celle connue avant, et souhaite découvrir ce qui est mis en oeuvre, à travers tous les "pays", voir de ses propres yeux comment se comporte ce monde dans lequel il ne s'y retrouve pas.
(à vrai dire la France, etc. n'existent plus vraiment. Le monde est divisé en 4 communautés, ici "4 pays").
Il voyage, longtemps, tantôt logeant chez des personnes bienveillantes, tantôt dormant dans la rue. Il grandit à vue d'oeil, et son esprit s'assombrit. Il se rend compte qu'il n'était pas le seul enfant à être parti en quête de connaissances, en quête d'une recherche d'un monde meilleur. Il arrive à l'âge adulte, et se met à travailler un peu partout, pour sa survie.
Jusqu'au jour où il retombe sur le vieux livre laissé par son père. Nostalgique, il se met à le lire. Il tousse, quelques pages virevoltent et tombent à ses pieds, sur un sol craquelé et poussiéreux: ne gagnant pas beaucoup d'argent, il vivait dans ces maisons que l'on cachait au loin de la société qui paraissait plus belle, plus moderne, plus propre, mais mensongère car elle miroitait un monde haut en couleur et pleine de vie dans le but de donner à une espèce sur le déclin, une envie de survivre.
Il ramasse ces précieuses pages d'un livre provenant d'un monde révolu, et tombe sur une fresque qu'il ne comprenait pas vraiment enfant: " 4 êtres sur Terre, au centre de la Terre, des réponses t'apporteront dans un monde qui n'apportera plus aucune satisfaction. "
Perdu dans ces lignes, et dans cette image qui montre un banc de sable au milieu d'une infinie étendue d'eau, il décide de croire en ces dernières lignes d'espoir, se jette sur une carte du monde, cherche le centre de chaque pays et recherche par conséquent ce " centre de la Terre ".
N'ayant que peu d'argent, il décide de passer clandestinement, des jours plus tard, dans un bateau qui le conduira vers un autre pays.
La technologie étant assez avancée, il ne fallut attendre que quelques heures avant qu'il n'arrive là où il souhaitait descendre. Il vola un canot de sauvetage et jura de le rendre une fois qu'il aura obtenu ce qu'il voulait par dessus tout: des réponses.
A la nuit tombée, il aperçu enfin cet endroit où la mer n'était plus si haute, où il pouvait descendre car il avait pied: il était enfin arrivé!
Cependant, mis à part une Lune un peu plus visible de là où il se trouvait, il n'entendit rien, ne voyait rien...
Il éclata en sanglots.
Des sanglots d'enfant, qui crut jusqu'au dernier instant à cet infime espoir de comprendre, de savoir, la raison pour laquelle il était là et vivait comme tant d'autres, dans un monde qu'il ne comprenait pas.
Et il se mit à hurler, les larmes lui coulant sur le visage: "Pour quelle raison sommes-nous ici? Devons nous expier notre délit de naissance pour vivre dans un monde aussi pathétique et dénué de vie? Dieu, nous t'avions sous les yeux et pourtant nous étions tous incapables de te voir, tu étais là, sous nos yeux, à travers tes brins d'herbes, tes senteurs variées, tes couleurs éclatantes! La Nature était notre Dieu et nous l'avons détruit! Pourquoi l'humain est-il né, pourquoi suis-je ici, dans quel sens allons-nous, serions nous heureux un jour?!"
C'est alors que l'eau autour de lui se mit comme à gronder, le bout de terre sur lequel il se trouvait se mettait à gronder, et quatre êtres aux visages ressemblant aux dragons/reptiles peints sur la fresque, jaillirent de sous les eaux. Seuls leurs visages et leur long cou étaient perceptibles...
L'homme recula, envahi par la peur. Leurs têtes étaient défigurées mais souriaient d'une bienveillance qui ne semblait pas nouvelle: ils touchèrent doucement de leur museau la tête de l'homme, un à un.
Puis l'un d'eux prit la parole, et la larme à l'oeil, lui répondit: "Mon grand, pourquoi nous pleures-tu? Te voir perdu ainsi me brise le coeur, à moi et à mes soeurs"
L'homme, cette fois, envahi d'une multitude d'émotions, ne pu s'empêcher de pleurer et hurler encore, ce qu'il avait sur le coeur: "La nature était belle et nous l'avons détruit. Incapables de saisir la beauté de l'instant, nous en souhaitions plus, toujours plus, tels des enfants trop gâtés par la vie pour se rendre compte du bonheur que la nature lui offrait. Je me sens honteux de vivre dans un monde devenu aussi triste aujourd'hui."
Une tête se posa au côté de l'homme, et ferma les yeux. Tendrement, elle lui dit "Ne pleure pas, et ne t'en veux pas, comme une mère nous avons veillé sur vous, enfin sur toi.
Seulement tu viens tout juste de finir ce que tu tendais à appeler "une crise d'adolescence", et tu te rends compte des dégâts que tu as commis en souhaitant te détacher de tes parents. Cette prise de conscience fait mal, mais est nécessaire pour que tu mûrisse, et arrive à l'âge adulte plus serein. C'est quelque chose à laquelle nous nous attendions, et nous l'acceptons.
Jamais personne ne t'en voudra pour cela, sauf pour ce que tu as fait endurer à tes frères et soeurs.
Et maintenant que tu en prends conscience, je n'ai qu'une chose à te dire: avance! Là est le maître mot! Tu dois grandir et mûrir, ne pas répéter tes erreurs, progresser, jusqu'au jour où tu pourras nous remplacer, nous imiter - mais en mieux!
Nous serons à tes côtés le temps qu'il faudra, et une fois le temps venu, c'est dans ton coeur que nous serons!
Vis et grandit, prends conscience de tes actes et deviens en responsable!"
L'homme pleure, de nouveau. Pleure, et pleure encore à n'en pas finir. Non pas de tristesse cette fois, mais de cette prise de conscience nouvelle.