Pour avoir fait, 12 ans de ma vie, de l'équitation en club (dite classique), j'y suis opposée. En l'état actuel des choses, l'équitation, celle qui s'est popularisée, est une industrie, une violence sans nom.
L'animal n'a aucune envie d'être là la plupart du temps, c'est criant : Morsures pendant le sanglage, manœuvres pour fuir les humains au pré ou dans le box, se débattre une fois en piste et "s'amuser" (bien une projection humaine ça) à faire chuter le.a cavalier.ère, etc. Ces réactions peuvent dépendre du cavalier et son respect/irrespect, mais le ras le bol est tellement énorme que beaucoup de chevaux de club font preuve de comportements défensifs avec n'importe quel cavalier.
Si vous recevez des consignes strictes ou qu'on vous demande d'appliquer un matériel contraignant à un individu bien précis, justifiant la démarche par "c'est un nerveux"/"c'est un tout mou", bref pour cause de [insérez une projection humaine qualifiant le comportement dit anormal d'un animal], ne pensez-vous pas que quelque chose cloche ? C'est un phénomène que j'ai très souvent vécu, d'être contrainte à devoir serrer les rênes de manière insupportable(au point d'en avoir, moi, mal aux bras, alors j'imagine pas la bouche du cheval...), d'imposer un matériel de type martingale pour que le cheval reste placé, ou encore de monter un cheval ayant de gros problèmes articulaires compensés tant bien que mal par des fers médicaux, etc.
En gros, il y a cette espèce de croyance selon laquelle les chevaux sont produits en série pour la pratique de ce loisir, qu'il ne peut en être autrement, et qu'il est normal d'utiliser des artifices et des méthodes cruelles pour "normaliser" des "comportements excessifs". Et le caractère de l'animal dans tout ça ? Par contre, personne ne se posera jamais cette question : "L'équitation est-elle bien adaptée à ce cheval ?"
D'ailleurs, j'hallucine toujours autant quand je vois des centres préférer garder un individu dangereux pour tout le monde, quitte à le faire souffrir et à prendre des risques... Au lieu de lui foutre la paix quoi.
De part ces démarches, on apprend aux cavalier.ères, dès l'enfance souvent, à voir les chevaux comme des objets mis à disposition. On leur apprend des techniques, non pas pour passer un moment serein avec un non-humain, mais pour rester en selle et inciter le cheval à adopter le comportement désiré, par la force ou d'autres arnaques. Pire encore, on confère à l'animal des traits de caractères humains et très négatifs, qui justifieraient de le recadrer (qu'il reste un objet fonctionnel, oh, merde, hé) : "il se fout de ta gueule", "c'est un vicieux lui", "il va te jouer un tour", etc.
Cette idée de "consommer l'animal" trouve son paroxysme dans le système capitaliste qui s'articule autour de l'équitation. Je vois des gamin.e.s qui, dès 12 ans (et j'en ai fait partie), passent des heures en boutique pour trouver LE licol qui rendra verte la voisine, LA boîte de pansage ultra fonctionnelle, LE tapis le plus élégant, et j'en passe... Combien de fois j'ai entendu mes potes vomir dans le dos d'un ou d'une "heureux.se proprio", comme quoi c'était dégueulasse, qu'ille avait de la chance "d'avoir un cheval" et qu'ille "se la pète de toute façon". Et puis, quelques mois plus tard, d'ostraciser cette même personne car, dépassé.e et très con.conne, a laissé mourir son "objet" dans les pires souffrances, car "l'objet" ne convenait plus ou parce que l'humain roi n'avait plus de temps à lui consacrer...
Enfin, voilà, il y a bien des tares dans ce milieu, je n'ai pas pu dresser toute la liste. Entre les profs qui sont des dangers publics pour les chevaux et les cavaliers, l'esprit de compétition perrave des centres, l'insalubrité et la mauvaise nutrition dans certains centres...
Tous les centres ne sont pas comme ça, je parle du pire, mais aussi du quotidien de centres "propres sur eux". En coulisse, c'est toujours plus ou moins tendu et sclérosant, pour les humains eux-même en plus. Il y a un esprit particulièrement malsain dans le monde de l'équitation, qui trouve ses racines dans les nombreux paradoxes inhérents à la torture/amour d'un autre être vivant que soi.
Je sais que ça ne se passe pas toujours comme ça, qu'il y a des gens merveilleux aussi, ou qui essaient de l'être un peu plus chaque jour. Je connais des "proprios", des amoureux.ses de leur cheval plutôt, qui vivent uniquement une relation basée sur le contact et la confiance, sans équitation elle-même, sans monter sur le cheval. Mais je sais aussi que cette "équitation bobo-cool" a la côte chez certains, qui y voient un nouveau faire valoir - à qui aura le licol étho le plus beau ?
Bref. On ne sortira jamais du problème tant que les animaux auront "un prix", pourront être achetés, vendus, tant que leur santé sera un luxe... Tant qu'il faudra les sortir d'une vie sociale dite naturelle (harem pour les chevaux) pour les inclure dans "notre monde" d'humains vaniteux